Actes du colloque tenu le 1er octobre 2005 au Palais des Papes à Avignon : transcription des débats du colloque ; Texte de la loi de 1905, version consolidée de 2005 ; bibliographie
Sommaire
Résumé
Le colloque organisé par le Département du Vaucluse le 1er octobre 2005 à Avignon pour célébrer le centenaire de la loi de 1905 veut interroger la laïcité comme héritage des Lumières. Ces Lumières paraissent « voilées » : menacées dans le monde actuel par le retour de divisions religieuses et par l’augmentation des États non-laïcs ; et, dans cette France qui se veut modèle laïc, fragilisée par le communautarisme, l’intégrisme, l’éclatement du tissu social selon les identités religieuses, le risque de mise sous tutelle des femmes ou l’intrusion de l’État dans le fonctionnement des cultes. Les premières communications sont historiques et se concentrent sur la Séparation. La laïcité est présentée comme la « réponse » des républicains au cléricalisme du temps, sous la IIIe République. La loi de 1905 n’est pas pour autant le fruit d’une idéologie antireligieuse, ce qui n’empêche par la Libre Pensée d’en revendiquer la paternité. La loi de Séparation est libérale en ce qu’elle garantit la liberté de conscience. De ce fait, elle a fini par apparaître comme une loi de compromis aux yeux des catholiques.
Après ce retour sur la « fabrication d’un modèle à la française », les enjeux actuels sont analysés à travers la question sociale, l’enseignement, l’égalité des sexes, ainsi que dans son caractère universel. Mais la Séparation, son principe et ses modalités, font encore débat : certains veulent autoriser l’État à sortir des limites imposées par la non-reconnaissance des cultes (art. 2 de la loi de 1905) pour pouvoir financer l’islam dans l’espoir de le contrôler, alors que d’autres considèrent la non-reconnaissance et l’interdiction des financements publics comme l’essentiel, le point d’équilibre de la laïcité française.
Points forts
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Ce volume est placé sous les auspices des Lumières, définies par Ève Duperray comme « plateforme doctrinaire de la notion » de laïcité, « infrastructure intellectuelle de la défense de la laïcité » qui offre « le corpus idéologique d’une modernité rationaliste porteuse de valeurs universelles et qui voit dans l’État un instrument aux mains de la grandeur et de l’autonomie de l’individu-citoyen ». Elle s’interroge sur ce qui reste de cet ancrage de la laïcité dans les Lumières quand « pour certains, ce n’est plus le rapport entre la religion et le politique qui est à reformuler mais celui qui unit la religion et la société qui est à déterminer ». La réflexion sur la laïcité conduit ainsi à poser la question de la nature de l’État, en France et ailleurs.
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La diversité des intervenants – historiens, juristes, sociologues, politologues, philosophes – correspond à l’ambition de ce colloque de donner une vision générale du sujet, tout en s’ouvrant à quelques intervenants originaires d’Afrique du Nord.
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Les débats du colloque, retranscrits à la fin du volume, sont en eux-mêmes un document remarquable – et finalement assez rare – tant ils sont éclairants sur les clivages intellectuels et politiques actuels sur la laïcité.
YB
Référence du document
Recension : « Duperray Ève, DUPERRAY Ève (dir.), 1905-2005 ou les Lumières voilées : la laïcité en question, Paris : Beauchesne, collection « Bibliothèque historique et littéraire », 2007, 166 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/duperray-eve-dir-1905-2005-ou-lumieres-voilees