Sommaire

Résumé

Les femmes au miroir de l’orthodoxie islamique traite de la vision « moyenâgeuse » que portent l’orthodoxie et les théologiens sur la femme dans les pays arabo-musulmans.

L’ouvrage comporte quatre parties :

• L’absence à l’histoire des femmes musulmanes montre la logique de la domination masculine établie par les fuqahâ’ depuis l’islam primitif. En effet, l’histoire des femmes musulmanes a été sclérosée par l’idéologie religieuse, les compilateurs de hadîth, les exégètes, etc.

• Fragments d’un discours orthodoxe étudie trois auteurs appartenant à des contextes historiques et à des aires géographiques différents, et dont les écrits aliènent la condition de la femme musulmane : d’abord, Ibn al-Jawzî (Bagdad, XIII^e siècle) prône la doctrine orthodoxe et rigide du hanbalisme et attribue à la femme une ignorance naturelle et un esprit faible et vicieux ; puis, Ibn Abî Dhiyâf (Tunis, XIX^e siècle) dont la culture scolastique et théologique légitime l’éducation minimaliste, la correction physique, l’interdiction de sortie des femmes, etc. ; enfin, le réformiste Rashîd Ridhâ (Liban, 1865-1935) préconise le code sexiste de la Usûliyya.

• Le dispositif patriarcal du Ijmâ̒ examine l’image de la femme musulmane à travers les textes du Fiqh : celle-ci y est représentée comme un « esprit faible », un « objet sexuel » (p. 77). Pour l’auteur, cette représentation de la femme désigne le caractère patriarcal de la société musulmane primitive. De plus, l’exégèse misogyne des hadîth donne une image négative de la femme ; une image en « totale contradiction » avec la modernité du rapport que le Prophète a instauré avec ses femmes (p. 99)1. Ainsi, l’auteur affirme que les témoignages de Ibn ̒Abbâs, de Abû Hurayra et surtout de ̒Âïsha, une des épouses du Prophète, seront largement « instrumentalisés » par la raison orthodoxe (p. 101).

• Archéologie d’un savoir note que les préceptes coraniques se rattachent à un contexte, celui de la société du Hijâz du VII^e siècle. En outre, l’auteur avance que les versets relatifs à la supériorité masculine, au hijâb2 ou à l’habilitation de frapper les femmes ne sont pas porteurs d’une « vérité inamovible » (p. 122). S’agissant de la question de la création de la femme, l’auteur souligne, de surcroît, une « différence fondamentale », un « écart (…) manifeste » entre la Révélation et les textes exégétiques marqués par le patrimoine religieux gréco-sémitique (p. 155-157).

Points forts

• Une traduction de l’arabe de grande qualité, effectuée par Hichem Abdessamad.

• Une critique cohérente et un examen approfondi de l’exégèse androcentrique des théologiens orthodoxes depuis l’islam primitif et jusqu’à nos jours.

• Une introduction qui prône la raison moderne et la laïcité afin de réévaluer le statut des femmes musulmanes et leur place au sein de la société3.

A.N.