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GABORIEAU Marc, Un autre islam. Inde, Pakistan, Bangladesh, Paris, Albin Michel, « Planète Inde » 2007, 388 p.

Par
Bibliographie, chronologie, glossaire, index, cartes et tableaux.

Sommaire

Résumé

Les sept unités politiques du sous-continent indien rassemblent près d’un tiers des musulmans du monde (400 millions environ) cependant cet « Autre islam » qui constitue un pôle important du monde musulman reste très mal connu. Dans une première partie, l’auteur revient sur treize siècles d’histoire. Dès le VIIe siècle, l’islam s’inscrit dans l’espace et l’historie de l’Inde. Durant les six siècles d’hégémonie islamique et d’expansion de l’islam (du XIIIe siècle avec le sultanat de Delhi, à la domination anglaise), des formations politiques diverses se sont développées ; parmi elles, le modèle de gouvernance de l’empire moghol qui s’est imposé, présente de nombreuses similitudes avec les formations politiques hindoues du XVIIIe siècle. Au cours de la longue période de la colonisation britannique, l’Inde s’engage dans les réformes (droit, langues) qui modifient considérablement le champ de l’islam. Un fait essentiel est la « démilitarisation » des États de l’Inde. Après la révolte des Cipayes (1857) l’Inde entre définitivement dans l’ère de la modernité et l’islam se recompose dans ses courants religieux et dans son engagement politique.

La deuxième partie sonde la complexité des héritages ethniques et culturels des islams de l’Inde. Les élites « musulmanes » sont marquées par un double héritage, celui de la culture turque concurrencée par celle de l’Iran et par l’influence arabe qui renaît au XIXe siècle avec la facilité des communications.

Le « substrat » pré-islamique a été peu modifié par l’acculturation des immigrés et la conversion à l’islam des populations. Dans l’Inde contemporaine, les deux ensembles regroupant les sociétés actuelles, musulmane et hindoue, sont toutes traversées par des fractures internes mais ne forment qu’une « seule » société (3ème partie).

La question politique est réexaminée depuis la césure de 1857 (4ème partie). Les musulmans de l’Inde ont tenté de coexister avec les hindous et de se faire une place dans le champ politique sous la « Pax Britannica ». Jusqu’en 1918, face aux séparatistes musulmans et aux revivalistes hindous, la majorité des élites des deux sociétés reste neutre. La défaite ottomane provoque un choc brutal chez les musulmans tandis que le mouvement de Gandhi s’affirme. Le séparatisme s’amplifie dans les années 1930 avec le poète Muhamad Iqbâl (issu d’une famille de brahmane anciennement convertie), Muhammad Ali Jinnah (shî ‘ite, leader de la ligue musulmane) et le théoricien de l’État islamiste Maududi fondateur du mouvement radical La Djamâat-is-Islâmi. En 1947, le Congrès refuse toute concession à la Ligue musulmane victorieuse aux élections générales de 1945-1946. La partition de 1947 est suivie de violences, le Pakistan est né.

En épilogue, l’auteur donne un « roman ethnographique » intitulé « Un homme, une femme » sur le mode de présentation des musulmans par les premiers ethnographes indiens.

Points forts

  • Le concept de « société globale » qui permet à MG de bien marquer la proximité des sociétés musulmanes et hindoues : dans les structures économiques comme dans la hiérarchie des statuts (les castes) ce sont les mêmes caractères structurants malgré les variations ethniques et régionales. L’auteur n’hésite pas à désigner par le terme de « caste » le système de clivage des catégories sociales musulmanes.

  • La créativité de l’islam indien dont l’auteur donne de nombreux exemples : la marque originale de la culture persane à travers des oeuvres littéraires (XIVe siècle) et politiques (notamment les grands traités d’éthique de Baranî sous le sultanat de Delhi et de Bâqir Khan sous l’empire moghol) ; en second lieu, les formes particulières à l’islam indien : la dimension eschatologique ou encore l’« indianisation » du soufisme (par exemple, la valorisation de l’extase et des concerts mystiques dans certaines confréries).

  • L’exposé de la doctrine et de la capacité de mobilisation, d’encadrement, et de diffusion du puissant mouvement réformiste Déobandi (né dans la seconde moitié du XIXe siècle)dont est issule mouvement de prédication du tablîgh. L’auteur montre le lien entre l’émergence de ce courant fondé en 1927 et le prosélytisme chrétien – surtout protestant – et le prosélytisme hindou.

  • Les  cartes et les tableaux : en particulier la répartition (en %) des musulmans dans 7 pays (p. 12) ; la généalogie du réformisme indien (p. 142) ; la typologie des États suivant des critères religieux et le principe de laïcité  (p. 259).

Utilisation possible dans les programmes scolaires

Classe

Discipline

Thèmes du programme

Cinquième

géographie

Asie, diversité des aires religieuses et culturelles

Terminale

géographie

Les grandes aires de civilisation (cultures, langues, religions)

NS

NOTES DE BAS DE PAGE
NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Tablîgh, Déobandi, Revivalistes, Legs tourânien
Domaines religieux : Islam, Islam : Généralités, Islam : Politique et société : Relations avec l’État
Guide des ressources : Information : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Samadi Nicolle, Gaborieau Marc, GABORIEAU Marc, Un autre islam. Inde, Pakistan, Bangladesh, Paris, Albin Michel, « Planète Inde » 2007, 388 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/gaborieau-marc-autre-islam-inde-pakistan-bangladesh

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