Sommaire

Résumé

L’avant-propos rappelle l’intérêt de l’auteur pour l’islam depuis son séjour au Proche Orient comme officier britannique en Palestine et à Chypre pendant la deuxième guerre mondiale. Il précise que l’ouvrage s’adresse à un public de non spécialistes auquel il veut montrer que l’islam, nouveau « spectre » de l’Europe depuis la chute du communisme, est partie intégrante de la tradition, de l’histoire et de l’actualité du continent. La publication réunit des articles rédigés entre 2001 et 2002 (repris dans les chapitres 2 et 3) et une conférence devant une association d’histoire londonienne. Cette vision d’un islam ennemi éternel redouté plus pour son « altérité que pour sa puissance » (p. 23) aurait sa source dans les croisades et dans les représentations négatives d’une religion rétrograde, associée au terrorisme. Selon l’auteur, tout au contraire, l’Islam s’inscrit dans le paysage européen depuis le VIII^e siècle et jusque dans les steppes du nord du continent.

Le premier chapitre, le plus long de l’opuscule, est un état des lieux de « Treize siècles d’échanges » entre l’Islam et l’Occident, grâce aux relations commerciales, diplomatiques et aux flux migratoires qui ont accompagné les phases de l’expansion de l’Islam. Les exemples abondent, dans des domaines variés, scientifiques, techniques, artistiques, culinaires, monétaires,… et témoignent des nombreux apports de l’Islam à la civilisation de l’Europe. Loin d’être l’Autre, ennemi irréductible, l’islam religion partage des valeurs et des principes avec l’Europe judéo-chrétienne.

Le second chapitre « Icônes acides et nettoyage ethnique » est un retour pessimiste sur l’actualité, Chypre, le Kosovo, la Bosnie et Israël. L’auteur récuse les causes ethniques des conflits, et critique les concepts d’ethnie et d’ethnicité, qu’il qualifie de « vastes fourre-tout » (p. 131). Il réaffirme sa conviction : la fracture essentielle dans ces conflits est d’ordre religieux, la religion est la composante essentielle de tout phénomène identitaire. Il conteste ainsi les thèses défendues par l’« agnostique » philosophe, spécialiste du Maghreb Ernest Gellner (1925-1995), et l’historien et sociologue, marxiste Éric Hobsbawm (né de parents juifs à Alexandrie en 1917). Les derniers chapitres « L’islam et le terrorisme », et surtout « Les talibans, Bamyan et nous, l’Autre des musulmans » sont de tonalité polémique, l’auteur veut montrer que malgré les apparences, il peut y avoir, à certains moments de l’histoire, des représentations communes dans les sociétés musulmanes et occidentales comme l’iconophobie, les attitudes fondamentalistes (comparaison entre les talibans afghans et les puritains de la Nouvelle Angleterre du XVIII^e siècle).

Points forts

• Le point de vue d’un anthropologue très engagé dans une perspective transculturelle. Une synthèse érudite qui déconstruit l’idée d’un islam étranger à l’histoire de l’Europe en montrant les interactions, les rencontres, sans chercher à en gommer les conflits. Un exemple de démarche qui ouvre la voie au courant de « l’histoire reliée » (Connected history).

• Des exemples de liens séculaires tissés entre l’Islam et l’Occident. Mais cependant cette approche ignore parfois les problématiques actuelles sur la transmission des savoirs, les traductions… par exemple.

• Une brève synthèse de travaux en langue anglaise, peu accessibles au grand public : Yalman (2001° sur les idéaux de l’islam ; D. Howard sur l’impact des relations entre l’Orient et Venise sur l’architecture de 1100 à 1500 (2000).

Utilisation possible dans les programmes scolaires

NS