Sommaire

Résumé

L’ouvrage est structuré autour des réflexions de trois personnalités qui sont intervenues, dans le cadre des conférences du Temple de l’Étoile, sur la question « a-t-on encore besoin d’une religion ? ». Il s’agit du philosophe André Comte-Sponville, du prêtre et écrivain Bernard Feuillet et du journaliste et écrivain Alain Rémond. Un court débat clos chacune des contributions. A. Houziaux introduit ces réflexions en interrogeant les « besoins » individuels et collectifs auxquels la religion pourrait aujourd’hui répondre. Après avoir conclu que la morale, l’éthique, le bonheur, ainsi que l’appartenance à une communauté, correspondaient à des besoins pouvant être satisfaits sans avoir nécessairement recours à une religion, il en vient à définir celle-ci comme « langage » spécifique permettant d’exprimer l’indicible, de répondre à la « souffrance », d’exprimer des « émotions » et d’éprouver une certaine « fraternité ». Enfin, la religion classique aurait une fonction régulatrice en pourvoyant des ressources de sens qui permettraient d’éviter la tentation du fanatisme religieux et du recours à l’« irrationnel ». Il présente les trois contributions comme ouvrant un débat renouvelé entre religieux et athées, le philosophe A. Comte-Sponville défendant une spiritualité sans dieu mais en dialogue avec certaines valeurs religieuses.

La première de ces contributions est celle de B. Feuillet qui propose une réflexion sur le « désir du divin ». Pour ce prêtre, le fait d’être un croyant réside moins dans l’adhésion à un dogme qu’à une forme d’expérience constituant une « manière d’être au monde de l’ordre de la présence et de la vision » ; il témoigne ainsi de sa propre relation à la transcendance qu’il caractérise par l’ «étonnement » et la découverte en soi-même de la vérité. Affirmant que « la religion n’est pas une fin en soi », il en appelle à une nouvelle « réforme » qui permettrait au christianisme de se maintenir dans sa diversité. Suit la réflexion d’A. Comte-Sponville, qui commence par distinguer une vision occidentale de la religion, qui met en son centre un dieu personnel et transcendant, d’une vision orientale plus immanente. Se définissant comme un « athée fidèle » : excluant la référence à un dieu, le philosophe affirme toutefois se reconnaître dans une tradition « gréco-judéo-chrétienne » et défendre des valeurs supérieures telles que l’« amour » qu’il replace dans un « ici-et-maintenant » dégagé de toute « espérance ». A l’inverse, le témoignage d’A. Rémond fait prévaloir la primauté de la foi en un « dieu fait homme ». Cependant, il définit cette foi comme dépassant la religion elle-même, celle-ci n’étant selon lui qu’une «appartenance sociologique ». En rendant compte de son détachement progressif de la religion catholique, il pointe les dérives historiques de la politique de l’Église et les dangers d’une confusion du spirituel et du temporel. Il décrit ainsi une expérience du « dépouillement » ouvrant à une foi plus authentique reposant sur la relation de « personne à personne ».  

Points forts

• Ces trois contributions, prenant la forme de témoignages personnels, constituent un matériau empirique intéressant pouvant notamment servir à l’étude des évolutions des convictions religieuses chez les élites culturelles.

• L’ouvrage permet de découvrir des passerelles entre une démarche religieuse valorisant l’expérience personnelle et intériorisée du divin et une certaine spiritualité « athée ».

Utilisation possible dans les programmes scolaires

NG