Sommaire
Résumé
L’avant-propos invite le lecteur à un débat critique et lucide sur l’islam en France. L’ouvrage dénonce, comme l’indique le sous-titre : « Entre crainte et aveuglement », la faiblesse des responsables politiques, la complaisance des responsables associatifs et des intellectuels relayée par les médias. Selon les auteures, la laïcité est menacée par le risque de dérives communautaristes. Leur travail s’appuie sur l’analyse des discours des politiques, des élites et des médias. Le « dogme » (p. 12) et l’idéologie des musulmans sont appréhendés à partir des déclarations des autorités religieuses et des leaders musulmans en France, des tracts et de l’expression musulmane des sites internautes (chap. VIII). Les nouvelles idéologies, majoritairement de gauche, menacent le processus d’assimilation (chap. I).
Le chapitre II est une sévère critique des évaluations exagérées sur le nombre des musulmans en France : les chiffres avancés sont dépourvus de fondements statistiques, et les sondages (SOFRES 1998 IFOP 2001) sans valeur scientifique.
Sur la longue durée, l’histoire du christianisme montre un affaiblissement politique de l’Église romaine et la perte de son patrimoine. Elle est mise en parallèle avec celle de l’islam marquée par des violences y compris à l’époque de l’Andalousie (chap III).
Attachées à une conception rigoureuse de la laïcité, les auteures montrent qu’à « l’épreuve de l’islam » les principes de la laïcité (articles 1 et 2 de la loi de 1905) ont été dénaturés, avec la complaisance des politiques et des juristes.
Les revendications musulmanes ont favorisé l’émergence de nouvelles définitions de la laïcité (chap. IV).
Les pouvoirs publics sont accusés de contourner la loi de 1905 et d’ingérence dans l’organisation du culte musulman (chap. V).
Dans la question du « voile » à l’école (p. 147-215) en 1989, le bilan de la jurisprudence depuis l’affaire de Creil (1989) jusqu’en 1996 et les pouvoirs publics sont jugés avec sévérité (chap. VI).
Les élites et même les juristes sont sourds aux « discordances » (p. 239) entre la République et les principes de l’islam (chap. VII).
Points forts
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L’examen critique du nombre des musulmans dans l’Hexagone : les principales estimations varient d’un ordre de grandeur de 500 000 personnes se déclarant musulmanes (enquête de 1991) à l’ordre du million (1 million de pratiquants d’après le rapport du HCI, évaluation en 2000 à partir d’une enquête de 1992), puis 5 et jusqu’à 6 millions dans le discours médiatique.
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Le rappel des étapes et des enjeux de la consultation des musulmans de France, de J.-P. Chevènement au rassemblement de l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) au Bourget en 2001 (p. 157-186).
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Une présentation argumentée d’un islam réputé « intangible », perçu comme une menace pour les valeurs républicaines car peu susceptible d’adaptations – mais au prix de l’occultation des autres lectures de la religion musulmane.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
1ère pro |
histoire |
le fait religieux depuis 1850 - l'évolution des 3 grands monothéismes |
terminale |
histoire |
évolution des pratiques et des croyances en France depuis 1945 |
Référence du document
Recension : « Tribalat Michèle, Kaltenbach Jeanne-Hélène, KALTENBACH Jeanne-Hélène et TRIBALAT Michèle , La République et l’islam : entre crainte et aveuglement, Paris, Gallimard, 2002, 338 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/kaltenbach-jeanne-helene-tribalat-michele-republique