Sommaire
Résumé
Deux parties composent ce petit livre dense. La première est une réflexion philosophique sur le principe de laïcité, la deuxième une étude de textes de John Locke et Nicolas de Condorcet, où l’on retrouve les moments et principes fondateurs qui ont abouti au principe posé dans la première partie.
En comparant tolérance et laïcité, l’auteur établit une position de principe qui les différencie : la tolérance, telle que la préconise Locke, par exemple, suppose que tout le monde ait une foi, même si chacun peut avoir la sienne. Car celui qui est sans foi n’est pas digne de confiance – comme l’on dit, « sans foi ni loi ». La laïcité, quant à elle, ne présuppose aucune foi nécessaire au lien social, et pose que toute attitude, croyante ou non croyante, doit être respectée à l’égal des autres. Elle se construit donc, non pas à partir des positions existantes en les acceptant toutes, mais comme principe préalable, condition de possibilité de toutes les opinions et de tous les savoirs.
Sur ces fondements, l’auteur déduit que l’enseignement du fait religieux participe de l’idée que l’archétype du lien social est forcément le lien religieux, et s’y oppose au nom d’une laïcité qui n’a pas besoin de présupposer un lien de type religieux pour construire le lien social.
Dans la deuxième partie, l’auteur commente un extrait de la Lettre sur la Tolérance de Locke. Il s’agit des prémisses de la définition de la double abstention de l’État par rapport au religieux et du religieux par rapport à l’État. Mais Locke appuie cette argumentation sur la nécessité d’un lien social de type religieux qui exclut l’athéisme. L’auteur explique alors ce qui, dans la pensée de Pierre Bayle, permet de montrer que ce lien social de type religieux n’est pas nécessaire, et qu’une société d’athées est possible (Bayle prend des exemples de « sociétés primitives » sans loi ni religion : alors même qu’elles fonctionnent sans loi, une loi leur serait encore plus profitable, et ce, sans avoir besoin de penser un lien de type religieux).
Enfin l’auteur commente un extrait de Condorcet, issu du Rapport et projet de décret relatifs à l’organisation générale de l’instruction publique. C’est là, selon l’auteur, que cette disjonction entre lien politique et forme religieuse du lien social est la plus évidente et la mieux fondée. C’est le droit du sujet qui prime, et l’instruction a pour but de permettre à ce sujet de mieux asseoir ses décisions sur la raison. Le lien social est alors un moyen d’augmenter les probabilités d’évitement de l’erreur en matière de décision politique, et n’a rien à voir avec des convictions de type fidéiste. Le but du législateur n’est pas de réguler la situation sociale telle qu’elle se présente, avec ses coutumes et ses habitudes, si utiles et harmonieuses soient-elles, mais de garantir à chacun « la jouissance de ses droits ».
Points forts
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Dans le débat sur la définition de la laïcité, ce livre pose un regard théorique et philosophique qui cherche à penser les principes, en dehors des situations particulières.
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À propos de l’enseignement du fait religieux à l’école, l’auteur participe de manière intéressante au débat en soulignant les limites et les dérives possibles, selon elle, vers une « religion civile » que comporte ce type d’enseignement.
Usage dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thèmes du programme |
Sixième |
Éducation civique |
La laïcité dans l'éducation |
Quatrième |
Éducation civique |
Les droits de l'homme et l'Europe : laïcité et identités nationales |
Quatrième |
Histoire |
La philosophie des lumières et la laïcisation de la société |
Troisième |
Éducation civique |
Valeurs, principes et symboles de la république (loi de 1905) |
Seconde |
Éducation civique |
Citoyenneté et intégration |
Première |
Français |
Littérature et tolérance (littérature, religion et science) : humanisme |
Première |
Français |
Littérature et tolérance (littérature, religion et science) : lumières |
Première |
Éducation Civique |
Exercice de la citoyenneté, république et particularismes (lois de la laïcité, garantie à l'égale dignité des personnes) |
M.A.
Référence du document
Recension : « Arnera Matthieu, Kintzler Catherine, KINTZLER Catherine, Qu’est-ce que la laïcité ?, Paris, Vrin, Chemins Philosophiques, 2007, 128 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/kintzler-catherine-quest-ce-que-laicite-paris-vrin