Sommaire

Résumé

Après un premier chapitre qui explore les ressources disponibles pour mener l’étude des congrégations féminines à supérieures majeures dans le catholicisme français du xix^e siècle, CL découpe sa recherche en quatre parties.

Il s’engage d’abord dans une compréhension des raisons de l’expansion congréganiste sous la Révolution et l’Empire, où se rencontrent volonté politique impériale (un « concordat » des congrégations) et innovation religieuse répondant à une nouvelle réalité (finalité sociale, centralisation, structure diocésaine).

Une deuxième et une troisième parties se penchent sur les 400 fondations du xix^e siècle. CL étudie d’abord la création incessante de nouvelles congrégations des années 1800-1880, les mettant en série afin d’en apprécier lignes générales et particularités (rapport à la fondation, nom, chronologie et géographie des fondations, politiques épiscopales, fondateurs et fondatrices). Puis il quantifie précisément ce que pèsent les congrégations dans le siècle, humainement (200 000 entrées au noviciat, 116 000 membres en 1878 en incluant l’Alsace-Moselle ; rôle dans l’enseignement, l’assistance sociale et la santé), financièrement (enrichissement réel, lié à l’enrichissement français), géographiquement (dans toute la France malgré des insuffisances, forte présence ne milieu rural tout en conservant des bases urbaines).

Une quatrième partie aborde plus précisément le recrutement : origines sociales (avec une démocratisation sous des modalités diverses, notamment liée à l’expansion dans le monde rural et aux activités pratiquées attirant les couches populaires) et géographiques (mobilité du recrutement avec des régions de chrétienté servant de réservoir de vocations, forte circulation des congréganistes entre régions), rythmes d’entrée en religion (permettant un apogée vers 1880 au moment où l’attente sociale envers les congrégations commence à décroître).

La conclusion fait des congrégations du xix^e siècle le « modèle dominant d’organisation des élites dans l’Église » et « la forme spécifique d’action religieuse sur la société » (p. 632), leur dynamisme provenant de leur très forte faculté d’adaptation à une société en transformation en répondant à ses aspirations essentielles (scolarisation des filles en particulier) et en ouvrant de réelles opportunités d’émancipation aux femmes.

• Domaine : Christianisme.
• Sous-domaine. Catholicisme. Période contemporaine. Ordres religieux. Représentations collectives et mentalités.
• Profil : Ouvrage spécialisé.

Points forts

• Un ample travail d’histoire qui croise histoire religieuse, histoire des femmes, histoire sociale, et qui montre la pertinence de l’approche de l’histoire française par le biais de l’histoire religieuse.

• Un exemple de croisement méthodologique : la quantification permet d’aboutir à une mise en valeur de phénomènes sociaux de grande ampleur, en jouant sur les différentes échelles géographiques et les différentes temporalités ; l’analyse de sources textuelles donne accès aux représentations et la monographie soutient et nuance l’analyse sérielle.

• La mise en avant de l’importance sociale des congrégations féminines catholiques dans la modernisation de la France (par le biais de l’alphabétisation, de la santé, de l’assistance sociale) et dans l’affirmation du rôle social des femmes par l’accès aux responsabilités. Les congrégations féminines ont largement contribué à la spécialisation du marché du travail (santé, enseignement) et à l’acceptation d’un rôle de direction pour les femmes.

Utilisation possible dans les programmes scolaires