Sommaire

Résumé

Les auteurs de chaque contribution mentionnés ici sont les plus réputés : Clifford Edmund Bosworth, arabisant et historien britannique, et Charles Pellat (1914-1992), fondateur du Département d’études arabes et islamiques à la Sorbonne qu’il a dirigé de 1960 à sa mort, membres comme lui du comité de rédaction de l’Encyclopédie de l’Islam ; Oleg Grabar et Richard Ettinghausen, venu aux États-Unis en 1934, un des meilleurs spécialistes des arts islamiques qu’il enseignait à l’Institut des Beaux-Arts de New York, décédé en 1979 ; Fritz Meier (1912-1998), qui a enseigné à l’université de Bâle la mystique iranienne ; Emilio Garcia Gomez (1905-1996), spécialiste de la poésie arabo-andalouse, ancien ambassadeur d’Espagne et membre de la Real Academia Espagñola

Après un long prologue et une « esquisse historique », B Lewis présente « La foi et les croyants » (chap. I), introduction érudite à « l’islam classique » qu’il élargit à divers aspects : la hiérarchie juridique des statuts des groupes, l’élite des « gens de plume » et des « gens d’épée », le statut des terres.

Si la religion donne indéniablement à la « la création artistique » une unité remarquable dans les aires culturelles de l’islam selon Richard Ettinghausen (chap. II), d’autres facteurs ont joué : les héritages des territoire conquis, l’intensité des déplacements et le poids de l’arabe, langue liturgique.

Oleg Grabar évoque dans « Cités et citoyens » les villes de l’islam classique en particulier pour la période 800-1300 (chap. III).

Trois « variables » commandent leur aspect : dimensions, époque et aire. Fritz Meier donne un panorama de « La voie mystique »représentée par trois types de soufismes et des confréries (chap. IV). Charles Pellat dans un exposé savant reconnaît l’influence du Coran sur la « tradition littéraire » et le formidable essor de la production littéraire, surtout la poésie (inspiration bédouine, influence persane).

Il conclut sur la rareté des chefs-d’œuvre à l’époque actuelle (chap. V).

Pour A. I. Sabra « L'entreprise scientifique » commence à Bagdad avec la quête du savoir antique. La science arabe emprunte et innove  (chap. VI). Les grandes étapes de l’expansion foudroyante de l’islam et les méthodes de guerre sont retracées par Edmund Bosworth, les clichés sur le guerrier sarrasin reflètent des siècles de contacts entre la chrétienté et « Les armées du Prophète » (chap. VII).

Les quatre chapitres suivants traitent de pays ou États du monde islamique passé ou présent. « L’Espagne mauresque » (Emilio García Gómez) est un tableau de l’Espagne musulmane de la conquête à la prise de Grenade. En dépit des polémiques sur ces huit siècles d’histoire l’auteur juge que « l’arabisme » n’est pas mort en Espagne. « L’Empire du Lion et du Soleil » (Roger M. Savory) est consacré à l’Iran, de la brillante civilisation des Séfévides au renversement des Pahlavi en 1979. « La Sublime Porte » (Norman Itzkowitz) est une fresque de l’histoire turque jusqu’au XVIII^e siècle. « L'Inde musulmane » (S. A. A. Rizvi), s’étend des premiers comptoirs arabes, à la veille de la partition. Le dernier chapitre, « l’'Islam aujourd'hui » (Élie Kedourie) couvre les XIX^e et XX^e siècles. Bernard Lewis a rédigé l’épilogue (9 p.).

Points forts

• Une présentation claire : le résumé en tête de chaque chapitre et les sous-titres précisent les thèmes privilégiés par les auteurs.

• D’utiles mises au point de B. Lewis sur la religion (chap. I) : les statuts des hommes en droit musulman ; une approche comparative de notions communes au christianisme et à l’islam et la recherche de termes équivalents en islam pour clergé, hérésie ; les tensions internes et l’écart entre islam populaire et islam dogmatique.

• Une approche originale et très informée du domaine des arts (chap. II et XI) : R. Ettinghausen défend la thèse d’un art islamique « unifié » avec des « tendances à l’universalité », particulièrement en architecture (p. 88), et recherche les forces de cette « cohésion ». Il s’intéresse aussi aux emprunts (plans des monuments, décors, techniques) et « interactions » avec l’Occident (p. 138). L’ouvrage présente des exemples peu connus : le mausolée, forme de vénération populaire dans toute l’aire d’Islam ; la couleur et les décors ; l’architecture de l’Inde musulmane (XV^e siècle) ; les jardins.

• Même sensibilité aux échanges dans le domaine du savoir (chap. III) : réaction des disciplines religieuses ou arabes aux sciences venues de Grèce par les traductions ; grandes figures scientifiques et philosophiques d’al-Andalus au XII^e siècle ; l’aristotélisme espagnol.

• Une synthèse (chap. VIII et XI) sur l’évolution intellectuelle d’al-Andalus durant les royaumes berbères, Almoravides et Almohades au XII^e siècle, (p. 344-353) permet de situer la pensée d’Averroès dans son contexte culturel et politique (voir Averroès, un rationaliste en Islam de Roger Arnaldez).

Utilisation possible dans les programmes scolaires