Sommaire

Résumé

L’avant-propos explicite le titre de l’ouvrage destiné à un large public non spécialiste. D’emblée l’auteur affirme que l’islam « pose désormais problème en France » (p. 7) et qu’on assiste à la fois à des manifestations radicales et à une « réislamisation » des sociétés musulmanes. À partir de ce questionnement, elle recherche « l’usage » du Coran chez les différents acteurs religieux. A partir d’une enquête sur « le discours » religieux », elle y décèle des « permanences » malgré la pluralité des lectures du Coran et de la Tradition.

La composition de ce « dossier » est précisée dans le chapitre « Sources et référence ». L’auteur rappelle les difficultés de lecture et la nécessité d’éclairer le texte fondateur par les commentaires. Chacune des questions de société retenues et analysées dans les chapitres suivants, est examinée du point de vue des seules œuvres sélectionnées parmi les auteurs « classiques » de l’islam et les contemporains. Pour les « grands » exégèses anciens : al-Baghawî (début XII^e siècle) et al-Suyûtî (XV^e) ; pour les modernes, deux interprétations sont privilégiées, la tendance « radicale » est représentée par l’Égyptien Sayyid Qutb (mort en 1966) et le courant réformateur, par la revue du Manâr. Dans la conclusion de chacune de ses analyses, l’auteur se réfère à un autre ouvrage contemporain, constamment réédité Le licite et l’illicite en islam. Ce best-seller est l’œuvre d’un sheikh de grande notoriété dans le monde musulman, al-Qardâwî, qualifié d’« intégriste » et réputé proche des Frères musulmans (p. 63).

Trois ensembles de questions sont examinés. « Liberté de croyance et djhâd », puis « Les lois alimentaires ». Deux thèmes concernent la femme sous le titre « L’inégalité de la femme » et « le voile et la mixité ».

Dans sa conclusion, l’auteur cite longuement le témoignage d’une jeune musulmane lycéenne de terminale dont la confession lui paraît réactiver la plupart des thèmes et des opinions de ces commentateurs musulmans. Cette voix d’une musulmane vivant en France affirmerait donc la force de la pensée religieuse des musulmans, toujours profondément  enracinée dans la tradition. Cette prégnance expliquerait une vision étroite et toujours actuelle de la normativité dans les sociétés musulmanes.

Points forts

• Les références sur chaque sujet traité : l’analyse est toujours accompagnée des versets coraniques correspondants et des extraits des commentaires des versets cités. Ainsi le lecteur non spécialiste peut-il disposer d’un corpus souvent peu accessible.

• Un éclairage, par des textes d’auteurs musulmans sur des questions de société qui concernent aussi le monde scolaire (cantines avec la revendication portant sur la nourriture halâl ; refus de mixité lors des activités scolaires…).

• Des arguments dans le débat très vif sur la « fusion » du politique et du religieux » en islam. Les « nouveaux penseurs » de l’islam1 ou des points de vue de sociologue comme celui de Leïla Babès2 ont été résolument écartés.

• Une interrogation sur le devenir des musulmans dans les sociétés laïques : l’auteur, qui revendique la posture distanciée de l’universitaire, ne dissimule pas son inquiétude. Au terme de son enquête fondée sur les sources et les commentateurs du Coran, elle se demande si l’adaptation est susceptible de se réaliser sans affrontements.

NS