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Sommaire
Résumé
L’auteur cherche à déterminer quels rapports entretenaient la théologie et la critique chez les penseurs humanistes que furent Jacques Lefèvre d’Étaples et Josse Clichtove. Il veut « chercher comment s’articulent chez eux les rapports de l’Écriture et de la Tradition et les rapports de la raison et de la foi, de la science profane et de la science sacrée, de la recherche intellectuelle et du magistère ecclésiastique » (p. 12).
Il ne faut pas entendre ici le terme de « critique » au sens de libre examen : il s’agit bien plutôt d’une démarche « d’exégèse historique » (p. 9) refusant le simple argument d’autorité dans les domaines librement débattus par les théologiens et l’acceptant pleinement dans ceux relevant du « dépôt de la foi ». C’est dans la très forte présence de cette distinction entre ce qui est discutable et ce qui ne l’est pas que réside la principale originalité des deux théologiens. Ils s’opposent à certains gardiens de l’orthodoxie (Université, hiérarchie ecclésiastique). Ceux-ci auraient tendance, selon eux, à tout faire relever du dépôt de la foi et à empêcher ainsi le ressourcement attendu du renouvellement de la patristique et, plus généralement, de la connaissance de l’histoire. Mais pour Clichtove comme pour Lefèvre d’Étaples, l’établissement de meilleurs textes (y compris bibliques) doit se faire en toute soumission à la foi : « les corrections ne pourront contredire les données fondamentales et, en ce sens, traditionnelles de la foi. Comme tout autre résultat de la critique, elles devront être confrontées avec la foi de l’Église universelle et au besoin se trouver sur ce plan "autorisées" » (p. 35). Les opinions des théologiens les plus importants, anciens et prestigieux doivent céder devant le témoignage de l’Écriture et l’autorité de l’Église universelle. Et ce d’autant plus que le moteur de l’exigence critique, aux yeux de Clichtove comme à ceux de Lefèvre d’Étaples, est la foi vive, la foi dont la pureté doit être rendue au monde.
L’auteur illustre cette analyse par une présentation fouillée de quelques-uns des débats inaugurés par les deux humanistes : la défense de l’Immaculée Conception, les affaires autour des mariages d’Anne, mère de la Vierge Marie, ou de l’unicité des Madeleine. Un chapitre examine les conceptions exégétiques de Lefèvre d’Étaples en s’appuyant sur la traduction critique et commentée des épîtres de Paul données par ce dernier en 1512 : la compréhension de la Parole de Dieu y est vue comme un don de la grâce dont l’intensité est directement liée à la pureté et la piété de l’exégète. À travers ces développements, et quelques autres, l’auteur montre à quel point les deux humanistes se considéraient comme des croyants soumis à l’Église et désireux, par leurs études, de rendre un service éminent à la Vérité.
Points forts
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Un ouvrage court (le corps de texte fait une centaine de pages, le reste étant consacré à des éditions de textes) mettant en valeur la modernité de l’humanisme fabriste en même temps que son profond enracinement dans un désir d’orthodoxie : la connaissance des conditions de la recherche intellectuelle au début de la Renaissance fut ainsi profondément renouvelée.
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L’important dossier de textes en version originale et en traduction qui constitue la deuxième partie de l’ouvrage permet un contact direct avec les sources en même temps qu’il peut fournir des supports de cours intéressants.
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La finesse avec laquelle l’auteur se plonge dans les subtilités de la théologie, les rendant claires et accessibles à tous.
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La réflexion sur les autorités intellectuelles reconnues par les sociétés de la Renaissance permet de mieux appréhender la naissance de la modernité qui n’en est alors qu’à ses prémisses : la mise en place d’une possible remise en cause de vérités socialement reçues grâce à un travail critique de la raison sur les monuments du passé se fait encore dans une soumission à l’autorité de l’Église universelle.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thème |
Seconde |
Histoire |
Humanisme et Renaissance : Réformes protestantes et catholiques. |
CM
Domaines religieux : Europe et religions : France, Christianisme, Christianisme : Période : Renaissance, Christianisme : Origines et corpus : Théologie, Christianisme : Origines et corpus : Bible, Christianisme : Rites et pratiques : Clergé, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Origines et corpus, Christianisme : Période : Humanisme chrétien
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Massaut Jean-Pierre, MASSAUT Jean-Pierre, Critique et tradition à la veille de la Réforme en France, étude suivie de textes inédits traduits et annotés, Paris : J. Vrin, “De Pétrarque à Descartes xxxi”, 1974, 238 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/massaut-jean-pierre-critique-tradition-a-veille