Trente planches en noir et blanc en début d’ouvrage (reproduction du manuscrit Arundel 117 de la British Library de Londres) ; six tableaux, un diagramme et trois encarts dans le texte ; en appendices, traduction française des prophéties, liste des manuscrits, repères chronologiques, bibliographie, index des noms de personne et de lieu.
Sommaire
Résumé
Ce livre fait plonger le lecteur dans l’univers de la papauté avignonnaise du XIVe siècle et le contexte des luttes dont le trône de saint Pierre a constitué l’enjeu au tournant des XIVe-XVe siècles, entre royaume de France et principautés italiennes. Il a pour objet d’enquête un assemblage de deux séries de quinze prophéties, Le début des maux et Monte chauve ! Elles débutaient initialement toutes deux avec Nicolas III (1277-1280), mais l’enchaînement du début des maux — avec Boniface IX (1389-1404) comme nouveau point de départ — à la suite de Monte chauve ! – a débouché sur les Vaticinia de summis pontificibus, ensemble de trente planches représentant chacune un pape environné d’animaux, de personnages ou d’emblèmes. La grande stabilité dans les traditions textuelle et iconographique permet d’accéder à des clefs d’interprétation (chap. 1). Ainsi pénètrent-t-on dans un monde de plus en plus onirique où figures symboliques et animaux, en particulier l’ours, sont les vecteurs de la prophétie.
Il s’agit de cerner le milieu de composition des Vaticinia (chap. 2), donc de reprendre un dossier ouvert dans les années 1920. Le Début des maux a pour origine un texte prophétique byzantin traduit à la fin du XIIIe siècle dans le milieu de la dynastie des Angevins de Naples. En ce qui concerne Monte chauve !, l’auteur retient l’hypothèse d’une éclosion à la cour des Visconti peu avant 1350, dans le contexte du conflit entre le Saint-Siège et l’archevêque de Milan Giovanni Visconti. L’examen attentif des plus anciens manuscrits permet d’envisager une composition et une publication des Vaticinia dans les mois qui précédèrent la déposition du pape Jean XXIII (29 mai 1415) lors du concile de Constance (1414-1417), et de clore le chapitre 3 en lançant un nom vers lequel convergent les soupçons, celui du cardinal Francesco Zabarella.
L’enchaînement des deux séries de prophéties a constitué un véritable acte de création, non seulement parce que l’agencement des textes et des images visait à faire surgir des significations nouvelles, mais aussi en raison de la part de liberté que les concepteurs se sont octroyée (chap. 4). Le travail de généalogie effectué sur le corpus imagé débouche sur la découverte de certains indices qui ramènent vers « un cercle artistique et intellectuel marqué par les Visconti » (p. 126). La piste se précise un peu plus grâce à l’intense travail d’analyse visant à comprendre la cohérence de l’ensemble (chap. 5), c’est-à-dire les raisons des interventions au-delà de l’objectif premier, vite dépassé, qui était d’inciter Jean XXIII à la démission. Au bout du chemin semblent bien se profiler deux versions des Vaticinia, la seconde prenant le relais de la première une fois le schisme résolu, peu de temps après l’avènement de Martin V et sans doute encore dans le microcosme du concile de Constance. Une fois clos ce dernier, les Vaticinia connurent un réel succès d’édition au XVe siècle. Ce succès fut celui du genre prophétique ; mais ce fut aussi indéniablement l’histoire d’une séduction artistique (chap. 6). Un ultime chapitre est consacré à la postérité éditoriale de l’œuvre (chap. 7).
Points forts
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La présentation d’un best seller de la fin du Moyen Âge et, pour le plaisir des yeux, quelques très belles images.
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Une démarche conçue de façon didactique, qui met tous les éléments du dossier à la disposition du lecteur.
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Derrière la complexité du travail d’interprétation, un excellent exemple de la façon dont ont pu être utilisés les images et le discours prophétique à la fin du Moyen Âge, au service de la communication politique.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thèmes du programme |
Primaire |
L’Europe des abbayes et des cathédrales |
|
Cinquième |
Histoire |
L’Église en tant qu’acteur essentiel de la Chrétienté occidentale médiévale (Moyen Âge) |
Troisième |
Arts plastiques |
(Renaissance) |
Seconde |
Arts plastiques |
(Moyen Âge) |
Première |
Espagnol |
Rôle politique et éducatif de l’Église |
LV
Domaines religieux : Christianisme : Période : Renaissance, Christianisme : Origines et corpus : Théologie, Christianisme : Politique et société, Christianisme : Arts : Architecture, Christianisme : Rites et pratiques : Clergé, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Période : Humanisme chrétien, Christianisme : Arts : Littérature, Christianisme : Politique et société : Relations avec l’État
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Référence du document
Recension : « Viallet Ludovic, Millet Hélène, MILLET Hélène, Les successeurs du pape aux ours. Histoire d’un livre prophétique médiéval illustré (Vaticinia de summis pontificibus), Turnhout : Brepols, 2004, 239 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/millet-helene-successeurs-du-pape-aux-ours-histoire