Bibliographie.
Sommaire
Résumé
Après avoir dressé un tableau général de la situation de l’Angleterre à la veille du schisme de 1534, l’A. présente plus particulièrement la position de l’Église d’Angleterre. Extraordinairement riche, elle n’est pas sans faiblesse : le cumul des bénéfices est courant, les monastères connaissent une crise de recrutement. Mais ce n’est pas dans ces faiblesses qu’il faut trouver l’origine du schisme : il s’agit bien plutôt d’un enchaînement de faits consécutifs à la volonté d’Henry VIII de voir son mariage avec Catherine d’Aragon annulé par Rome. En effet, la reine ne lui a pas encore donné de fils et son âge (42 ans) ne laisse pas espérer qu’elle pourra lui en donner un jour. Usant d’arguments religieux et canoniques, le roi tente de faire reconnaître la nullité de son mariage à partir de 1527. Pour des raisons politiques, le pape rechigne à la prononcer. « Les rapports avec Rome traversent une des plus mauvaises passes de leur histoire ; ils doivent maintenant être clarifiés » (p. 33). L’escalade commence alors et, en février 1531, le roi réclame le titre de « protecteur et seul chef suprême de l’Église anglicane, autant que la loi du Christ le permet », ce qui laisse possible une reconnaissance du pouvoir pontifical. Le 15 mai 1531, une loi est votée retirant à l’Église le droit de légiférer dans le domaine spirituel sans l’avis et l’aval du souverain. En mai 1533, c’est donc un tribunal ecclésiastique anglais qui déclare le premier mariage nul et reconnaît la validité de celui d’Henry VIII et Ann Boleyn. Les appels en-dehors du royaume sont interdits, ce qui retire à Rome l’un de ses principaux pouvoirs.
Pourtant, le schisme ne paraît pas encore inévitable : la diplomatie pourrait arranger ces affaires. Mais aucune des deux parties ne semble vouloir l’éviter. Pour le roi, une condamnation du mariage avec Ann Boleyn remettrait en cause la capacité de ses enfants à lui succéder. En mars 1534, une série de lois coupent les liens financiers entre Rome et l’Église d’Angleterre, réservent au roi la nomination des évêques et confient à Canterbury le pouvoir d’exempter des prescriptions canoniques. Henry VIII est déclaré « chef suprême de l’Église d’Angleterre ». Le schisme est consommé mais, contrairement aux autres régions qui se séparent de Rome dans ces années-là, la raison n’en est pas théologique : il s’agit ici avant tout d’une rupture politique ce qui oblige le roi à inventer une « voie anglaise ni purement catholique ni vraiment luthérienne où l’empirisme et le nationalisme s’épaulent sans cesse » (p. 55).
C’est cette voie anglaise que l’A. examine ensuite : redéfinition théorique des pouvoirs dans l’Église (p. 56-67) avec la proclamation de la primauté du roi qui reçoit ainsi une partie du pouvoir de juridiction et mise en place de cette primauté (p. 68-80) dans laquelle Cromwell joue un rôle central. Assimilation du refus de la nouvelle situation à un crime de trahison, dissolution des monastères (1536-1540) sont les mesures les plus visibles. L’acceptation généralisée de ce schisme est ensuite présentée. Malgré quelques exceptions notables (Thomas More, Reginald Pole), les tentatives d’opposition se révèlent inefficaces. Doctrinalement, le souverain fait preuve de « conservatisme souple » (p. 99) qui accepte certaines innovations des réformateurs, reste viscéralement attaché à certains aspects traditionnels de la religion et navigue surtout à vue.
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Domaine : christianisme.
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Sous-domaine : Anglicanisme. Clergé. Pratiques religieuses. Croyances. Renaissance. Réforme et Contre-Réforme. Relations avec les pouvoirs publics. Vie politique.
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Profil : Ouvrage grand public.
Points forts
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Une présentation claire et synthétique d’une page essentielle de l’histoire du xvie siècle.
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L’attention à bien situer la voie anglaise : sa singularité dans l’ensemble de l’Europe tient à son choix de rompre avec Rome sans pour autant suivre les théologiens de la Réforme dans tous leurs développements.
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Un ouvrage profondément pédagogique : les notions théologiques sont bien expliquées et replacées dans leur contexte, les liens entre les développements politiques et les événements religieux sont clairement mis en valeur.
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Le chapitre sur l’aspect théorique de la « voie anglaise » (p. 56-67) permet de comprendre la diversité des attentes autour du schisme et le rôle de plus en plus central politiquement et religieusement du souverain dans la sauvegarde de l’unité du royaume.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thème |
Primaire |
Histoire |
La Réforme, les guerres de Religion. |
Cinquième |
Histoire |
Les Réformes protestantes et catholiques |
Seconde |
Histoire |
Humanisme et Renaissance : Réformes protestantes et catholiques. |
C.M.
Domaines religieux : Europe et religions : Grande-Bretagne, Christianisme, Christianisme : Période : Renaissance, Christianisme : Politique et société, Christianisme : Doctrines et courants : Église anglicane, Christianisme : Rites et pratiques : Clergé, Christianisme : Politique et société : Relations avec l’État
Guide des ressources : Information : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Moreau Jean-Pierre, MOREAU Jean-Pierre, Henry VIII et le schisme anglican, Paris, P.U. F., (Que Sais-Je ? 2858), 1994, 127 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/moreau-jean-pierre-henry-viii-schisme-anglican-paris