Sommaire

Résumé

À la différence des ouvrages d’art de la même collection, ce sujet immense par l’aire concernée, de l’Inde à Gibraltar, a été confié à un seul auteur. Celui-ci veut ainsi dégager les « idéaux esthétiques communs » aux productions de l’art musulman.

Selon l’auteur, l’islam a produit une vision syncrétique des choses à partir d’héritages hellénistiques et de la théologie sunnite : celle-ci, telle qu’elle s’exprime dans les hadîths, commande l’art (pour compléter cette analyse voir S. Naef). Tous les arts musulmans sont présentés, avec une insistance portée sur les créations majeures et l’architecture. Les arts figuratifs sont représentés par les mosaïques et peintures omeyyades, puis par la miniature qui s’épanouit du XIII^e siècle à la première moitié du XIV^e siècle.

L’art « non figuratif » constitue un vaste domaine incluant les arts mineurs, considérés comme une « simple application » (p. 165) des modèles décoratifs de la miniature et de la calligraphie. Seul art spécifiquement arabe, cette dernière répond à la spiritualité de l’islam et jouit d’une écriture aux qualités esthétiques exceptionnelles.

L’architecture est le troisième domaine présenté. L’auteur consacre un long développement à la mosquée : ses origine, les héritages grec et byzantin. Il analyse les « archétypes » omeyyades (Grande Mosquée de Damas, Dôme du Rocher à Jérusalem) et leur postérité : grandes mosquées de Ibn Touloun (Le Caire), Kairouan, Cordoue, d’Iran et de Turquie. L’Iran se distingue par un apport très original (mosquée à îwân) et la Turquie ottomane par des réalisations exceptionnelles par leur volume et aussi par l’œuvre du grand architecte Sinan (XVI^e siècle). L’Égypte des Mamlûks offre des exemples de chefs-d’œuvre : mosquées, mausolées (pour ces « cités des Morts » voir G. Al-Qadi). Les Mogols d’Inde ont été aussi de grands bâtisseurs (mausolées). L’auteur achève sa recherche des caractères originaux de l’esthétique musulmane par l’architecture civile, selon lui moins significative.

Points forts

• Un ouvrage somptueux : des photographies en couleurs de Jean Mazenod magnifiquement reproduites (en particulier les miniatures) et une mise en page toujours soignée et recherchée (ex : le chapitre sur la miniature, introduit par la reproduction en « trompe l’œil » d’un livre s’ouvrant sur une miniature en double page).

• L’auteur illustre brillamment un point de vue purement esthétique, conceptuel, d’un art essentiellement dépendant de la religion (d’où le titre de son ouvrage) : un art dont les formes caractéristiques ont traversé l’espace et les siècles pour disparaître à la fin du XVII^e siècle, lorsque les artistes ont adopté l’esthétique occidentale. On opposera cette approche philosophique à celles des historiens de l’art Oleg Grabar, M. Bernus Taylor.

• Une remarquable analyse de l’évolution et des principes d’organisation de l’espace de la miniature, en spirale et arabesque, abondamment illustrée d’exemples dans des ouvrages persans. Une excellente présentation très documentée de l’illustration d’un ouvrage célèbre, les Séances (Maqâmât) de Harîrî (voir aussi R. Irwin)

• Un point de vue stimulant par la méthode comparative adoptée : relation entre l’art de la peinture en Islam et l’art abstrait contemporain. Selon l’auteur, une esthétique commune lie les deux créations artistiques. Pour apprécier au mieux l’architecture islamique, A. Papadopoulo juge nécessaire une bonne connaissance de l’architecture occidentale moderne, celle qui incite à mette en valeur « l’architecture pure » (p. 218) délestée de la profusion ornementale.

• Des compléments documentaires variés : séries de photos en noir et blanc légendées permettant des comparaisons de mihrâbs, minarets chapiteaux, coupoles, arabesques…) ; des notices détaillées sur les principaux sites d’art avec des photos noir et blanc et des plans.

Utilisation possible dans les programmes scolaires