Sommaire

Résumé

La pensée arabe étudie la pensée d’expression arabe et ses liens avec le fait coranique et le fait islamique. Face à l’ « arrogance idéologique » et aux « ignorances les plus scandaleuses », l’ouvrage expose, à travers cinq chapitres, l’histoire de la pensée arabe depuis la Révélation jusqu’à nos jours.

Le fait coranique décrit la montée de l’État islamique fondé à Médine, en 622, par Muhammad ainsi que l’épanouissement de la langue et de la culture arabes. En effet, l’auteur affirme que le langage religieux en islam se développe grâce au culte (gestes, rites), à la loi (institutions, droits des hommes)1 et à la pensée (théologie, mystique, exégèse). De plus, l’auteur avance que le Coran utilise la conscience linguistique arabe pour instaurer une nouvelle conscience religieuse. Il note, en outre, qu’on peut repérer trois niveaux de fonctionnement littéraire du discours coranique : un niveau métaphorique ; un niveau narratif ; un niveau stylistique. L’auteur définit également la « fonction prophétique » : Muhammad a la particularité d’être à la fois envoyé (rasûl) et prophète (nabî) ; il est le témoin de Dieu auprès des hommes et des hommes auprès de Dieu (p. 20).

La période de formation de la pensée arabe commence en 632 et se poursuit jusque vers 950. Durant cette période, tous les enseignements « orthodoxes » de l’Islam, tous les prototypes de la conduite religieuse, de l’action humaine, et de l’organisation politico-sociale sont concentrés dans les « Textes-Sources-Modèles », à savoir le Coran, les hadîth ou Sunna. Il y a idéalisation de la « Génération-Témoin » de la Révélation (p. 26).

La pensée classique examine la construction d’un espace culturel nouveau en langue arabe entre le X^e et le XIII^e siècles2. En effet, à partir de 900-950, plusieurs penseurs et écrivains (Avicenne, Ghazâlî, Averroès, etc.) recherchent des modèles et des sources d’inspiration dans l’Antiquité arabe, iranienne et grecque. Ils explorent la pensée classique dans les domaines philosophique et scientifique.

Conservation, ruptures et résurgences considère que trois niveaux d’activité intellectuelle ont conservé/protégé l’espace mental de la pensée arabe : celui des kuttâb indispensables à l’administration centrale ; celui des oulémas; celui des chefs de confréries religieuses (tarîqa) qui encadrent les masses populaires. Néanmoins, à partir des croisades, et notamment depuis la chute du califat abbaside en 1258, les sociétés arabes connaissent une « rupture psychologique » : le merveilleux, le fantastique, le surnaturel, se substituent au rationalisme critique, à la démarche expérimentale, à la curiosité scientifique (p. 89).

L’irruption de la modernité analyse les écueils auxquels la pensée arabe est confrontée durant la période de la Nahda : d’abord, des événements politiques, parmi les principaux la colonisation, l’abolition de l’Empire ottoman (1922), et les conflits israélo-arabes (1956, 1967 et 1973), ensuite, le traditionalisme social, puis, la pensée conservatrice des oulémas. Toutefois, l’auteur cite quelques figures emblématiques de la Nahda, parmi les principaux les Tunisiens Qâsim Amîn (m. 1908) et Rashîd Ridha (m. 1935), et l’Égyptien Tâha Husayn (1889-1973).

Points forts

• Une synthèse méticuleuse de la pensée d’expression arabe depuis l’émergence du fait coranique (610-632) jusqu’à nos jours3.

• Une subdivision en chapitres, sous-chapitres et paragraphes numérotés qui confère à l’ouvrage clarté et intelligibilité.

A.N.