GRANET Marcel, La pensée chinoise, Paris, Albin Michel, Bibliothèque de l’Évolution de l’Humanité, 1999 [1934], 568 p.
Sommaire
Résumé
De l’analyse des notions communes de La pensée chinoise, auxquelles Marcel Granet consacre les trois premiers livres de son ouvrage, émerge l’idée directrice d’unité. Dans le système du monde que construit la pensée ancienne, macrocosme et microcosme, homme, nature et société sont perçus en continuité et font l’objet d’un savoir global. Les réalités, qu’il s’agisse d’êtres, de choses ou de phénomènes, se répartissent, tantôt selon une logique bipolaire, en deux secteurs affrontés le long d’un axe yin/yang, tantôt, selon un schéma quinaire, en quadrants orientés et hiérarchisés autour d’un centre. Ces réalités intègrent une architecture où chacune, en vertu de la solidarité qui les unit toutes, peut renvoyer par analogie aux autres. Le croisement de ces correspondances et leur emboîtement concentrique dans un système qui a pour ambition finale d’intégrer la Totalité des composants de l’ordre naturel, confèrent à certaines de ces réalités la polyvalence symbolique et la puissance évocatrice qui définissent la notion d’emblème.
Dans ce cadre, les signes de la langue chinoise, les nombres, le Temps et l’Espace perdent leur caractère d’abstraction pour revêtir la fonction d’ordonner le monde, à la fois comme rubriques de classement et comme puissances de figuration. Le yin et le yang, associés aux aspects concrets de l’ombre et de la lumière, sont élevés au rang de couple emblématique, évoquant tous les aspects antithétiques et complémentaires de l’Univers. Leur union ritualisée devient source ultime de fécondité et de renouvellement et leur alternance apparaît comme le moteur du fonctionnement rythmique de l’univers, dont le régulateur suprême, appelé Voie, (Tao ou Dao), inscrit au coeur des phénomènes le principe de toute organisation et de toute intelligibilité. Le Souverain ne devient vecteur efficace de l’influence civilisatrice du Ciel qu’à la condition de s’y conformer, en établissant par l’étiquette les distinctions utiles à un aménagement ordonné de l’univers et de la société et en garantissant le fonctionnement harmonieux par un respect scrupuleux des rites.
Ces conceptions cosmologiques, rapportées par l’auteur à « des faits sociaux sous-jacents », apparaissent comme l’émanation d’une organisation sociale de type féodal, dont le but est de justifier les idéaux de hiérarchie et d’ordre.
Après avoir consacré les trois premiers livres de son ouvrage à la description du « système de partis pris, de conceptions et de symboles, qui régit en Chine la vie de l’esprit » (p. 10), M. Granet présente dans son dernier livre les divers courants de pensée qui sont apparus en Chine entre la période des Royaumes Combattants (Ve-IIIe siècle av. J.-C.) et la fin de la dynastie des Han (206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.). Réunies autour de maîtres, tels que Confucius, Mencius ou Zhuangzi (Tchouang tseu), regroupées en sectes défendant des modèles de gouvernement, de bien public ou de sainteté, ces écoles ont interprété de façon nouvelle les « images intellectuelles » (p. VII) léguées par la pensée commune et ont fourni une grande partie des textes qui constituent le socle de la pensée et de la culture chinoise.
L’auteur utilise la transcription phonétique de l’Ecole Française d’Extrême Orient (EFEO).
Points forts
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Tout lecteur curieux de connaître les idées fondamentales de la pensée chinoise ancienne lira avec grand intérêt les chapitres I (Le temps et l’espace) et II (le Yin et le yang) du Livre II, ainsi que les trois chapitres du Livre III (Le système du monde) où l’auteur développe des hypothèses très novatrices.
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De nombreux textes anciens sont cités et servent de base aux analyses.
DK
Domaines religieux : Religions d’Asie : Chine, Religions d’Asie
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Référence du document
Recension : « Granet Marcel, La pensée chinoise » Albin Michel, 2010, 568p., , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/pensee-chinoise