Bibliographie
Sommaire
Résumé
L’auteur revient sur ses précédentes recherches, et en particulier sur La religion de près (Métailié, 1999), pour construire une théorie du religieux. Il ne s’agit pas de dire ce qu’est une religion, le sacré ou un rite mais de décrire en quelque sorte ce qui se passe quand on fait du religieux, ce qui caractérise le religieux en train de se faire. Il choisit donc de privilégier les détails non-pertinents par rapport aux actions focalisatrices d’une situation, celles qui correspondent aux intentions affichées par les acteurs.
En utilisant les outils mis au point dans ses recherches précédentes sur le carnaval et sur Les religiosités séculières (PUF, 1993), il analyse le religieux comme ce qui est tout en n’étant pas, ce qui est constamment marqué par la négation en même temps qu’on l’affirme. Jésus est là tout en étant absent, le rituel idéal n’est jamais réalisé comme tel mais pris dans un cadre rituel secondaire qui relativise le rapport signifiant signifié. Cependant l’auteur refuse de considérer comme négligeable cette présence-absence des entités invisibles (Dieu, le Christ…), et pose le « théisme méthodologique ». Il montre le rôle incontournable de Dieu, de l’amour, comme interactants dans les relations et les activités religieuses. En s’appuyant sur les travaux de Boltanski et Thévenot sur la justification (La justification, Gallimard, 1991), l’auteur retient les énoncés religieux comme des actions parmi d’autres dont il met en valeur les aspects contradictoires, paradoxaux, agonistiques. Le religieux ordinaire n’est pas paroxystique, émotionnel, focalisateur, c’est une suite d’interactions sur le mode mineur entre les croyants et avec Dieu, où les interstices, le « jeu », ont la même importance que le reste.
« Ainsi la difficile ethnographie des actes de croire suppose de toujours regarder la subtile complexité qui résulte de l’enchevêtrement entre les énoncés de croyance, les différentes modalités de leur donner un assentiment (croire vraiment, ne pas croire vraiment, croire quand même…) et d’être en présence avec l’être divin, ainsi que les formes de basculement (dans la distraction, le scepticisme, l’ironie…) » (p. 73).
L’ouvrage se termine par 26 pages de « Commentaire » où l’auteur retrace son parcours de recherche et conclut en ces termes : « dans le but d’aider le lecteur à se demander qui est l’auteur pour que le fait religieux lui apparaisse comme tel et comment est celui-ci pour qu’il l’appréhende de cette façon» (p. 83).
Points forts
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Une vision extrêmement originale du fait religieux d’un point de vue « indigène » qui ne se préoccupe ni des processus macro-sociaux et institutionnels, ni de l’analyse des textes religieux, mais se focalise sur les activités quotidiennes des acteurs et leurs énoncés.
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De ce fait et quoique fondées sur des données empiriques émanant surtout du terrain catholique français, ces conclusions atteignent l’universel.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Cet ouvrage qui porte sur le fait religieux en tant que tel n’est utilisable dans aucun programme scolaire en particulier mais plutôt comme éclairage général sur le sujet, aussi bien en histoire qu’en philosophie.
AP
Référence du document
Recension : « Piette Albert, PIETTE Albert, Le fait religieux. Une théorie de la religion ordinaire, Paris, Economica, « Etudes sociologiques », 2003, 113 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/piette-albert-fait-religieux-theorie-religion