Sommaire

Résumé

Le sujet, limité au berceau de l’islam, exclut les pays musulmans d’Afrique subsaharienne et l’aire de l’océan Indien. L’ouvrage, centré sur la question nationale, est divisé en trois parties : le Machrek (trois chapitres), le Maghreb (deux chapitres), l’aire turco-iranienne (quatre chapitres). Pour chacun des États concernés, l’auteur souligne les éléments structurants.

Dans le Machrek, un premier ensemble, la péninsule arabique, comprend l’État saoudien, qui cherche sa cohésion dans le wahhâbisme, la Jordanie créée par décision britannique, le Yémen qui a su préserver son identité par le zaïdisme, enfin Oman et les Émirats pétroliers.

Dans le deuxième ensemble, la Syrie et le Liban, des antagonismes puissants dressent les villes contre les montagnes. Le chapitre III présente l’Égypte sédentarisée, forte de ses élites et de sa vieille civilisation et l’Irak, marqué par sa turbulente ascendance bédouine et ses dissensions religieuses.

La partie consacrée au Maghreb commence par l’exposé de ses caractéristiques historiques : l’arabisation et la bédouinisation, l’apport des musulmans d’Andalousie et des Turcs. La Tunisie a bénéficié de la plus grande unité culturelle, favorable à l’émergence d’un État, tandis qu’au Maroc, la zâwiya a joué un rôle important de « médiation » entre le pouvoir et la société tribale. L’Algérie a été fortement marquée par la colonisation. En Libye, la secte Senoussi (Sanûsiyya) a dominé l’État jusqu’au « régime des masses » du colonel Khadafi (1969).

La troisième partie concerne l’aire turco-iranienne. L’Iran (chap. VI et VII), façonné par l’héritage hellénistique, la « turquisation » (p. 487) et l’emprise du shî’isme, présente une forte unité religieuse et culturelle. À l’inverse de l’Iran, « nation impériale », l’Afghanistan (chap. VIII) est présenté comme une sorte d’« anti-nation », où les tentatives de construction de l’État ont généralement échoué. La Turquie (chap. IX) fait, au contraire, figure de nation très solide.

Points forts

• Une des rares études de géographie historique accordant une large place à la géographique culturelle de l’islam. Trois atouts invitent à la lecture stimulante de cet essai : une documentation importante, la connaissance du terrain et un style clair et agréable. Cependant la thèse de X. de Planhol selon laquelle l’islam fait « obstacle » (p. 11) à la naissance de la nation, pourra susciter quelques débats.

• L’exposé de la construction nationale depuis le XIX^e siècle en terre d’Islam. En dépit de sa date de parution (1993), l’ouvrage reste essentiel pour une meilleure compréhension de la géopolitique contemporaine. Il montre aussi l’importance de facteurs de longue durée, y compris « naturels » (ex. la montagne au Yémen, en Afghanistan, en Syrie et au Liban; la mer et le pétrole dans les Émirats du Golfe) dans la situation actuelle.

• Une typologie utile et nuancée des États suivant le degré de réalisation de la nation, la combinaison de facteurs unitaires ou de désagrégation : les nations sont bien constituées en Iran, Turquie, Égypte, Tunisie ; à l’opposé, on trouve le cas extrême de l’Afghanistan fractionné, victime des clientélismes et des luttes tribales ; entre les deux pôles se situent la plupart des États arabes paralysés par des clivages ethniques, religieux.

Utilisation possible dans les programmes scolaires