Sommaire

Résumé

De longues prénotations font déjà apparaître les thèses de l’ouvrage : « Définir un catholicisme comme “intransigeant” […] signifie […] qu’il affirme ce caractère dans une situation nouvelle où celui-ci se trouve contesté. Dès lors, ce catholicisme va prendre forme dans la conscience de son identité spécifique à l’encontre d’une évolution historique et dans l’effort pour renverser le cours de cette évolution » (p. 34) ; « Au cours du xix^e siècle, la réalité sociale, ce n’est pas d’un côté une lutte de classes […] de l’autre côté une guerre de religion […] mais trois grands foyers historiques de compétition à l’échelle mondiale, trois pôles d’attraction ou de répulsion, dessinant leurs lignes de force et se disputant l’espace : la bourgeoisie dominante, l’institution catholique, le mouvement socialiste » (p. 35). L’auteur s’attache ensuite en huit chapitres à « dégager les grandes perspectives et le schéma directeur que suggérait » (p. 9) son travail sur le mouvement intellectuel et social catholique des années 1880-1930 présenté dans Catholicisme, Démocratie et Socialisme. Après un premier chapitre qui reprend une recension critique déconstruisant les postulats de l’Histoire religieuse de la France contemporaine d’Adrien Dansette, les chapitres suivants développent les idées centrales. Face à la question de l’adaptation à la société moderne (ch. 2), le catholicisme façonné par Rome s’est posé comme intransigeant (« ce fonds commun de refus au nom d’un idéal de société qui s’adapte mais ne désarme pas. Refus où s’affirme une volonté de façonner le monde autrement que les forces non chrétiennes en présence » p. 127) et intégral, c’est-à-dire entendant résoudre la question sociale (ch. 3) par « une réforme organique de la société » (p. 124). Le catholicisme intransigeant s’adapte alors à la démocratie, mais entend en faire une réalité chrétienne, afin de conquérir le peuple pour réaliser son projet (ch. 4). Il entre ainsi, en constituant un mouvement dynamique, dans un conflit triangulaire avec le libéralisme bourgeois et le socialisme, de nombreuses combinaisons étant possibles (ch. 5). Mais il doit aussi faire face à l’autonomisation de la culture désormais fondée sur le paradigme de la modernité intellectuelle, ce qui débouche sur le modernisme (ch. 6). L’historien est ainsi conduit à être sensible à la pluralité du sens des mots utilisés par les hommes (ch. 7), et à se pencher sur la modernité qui restructure en profondeur les acteurs et les analystes sociaux quels qu’ils soient et quels que soient leurs projets (ch. 8).

• Domaine : Christianisme.

• Sous-domaines : Catholicisme. Représentations collectives et mentalités. Période contemporaine

• Profil : Ouvrage spécialisé.

Points forts

• Une mise en valeur subtile de la complexité du réel, qui remet en cause avec force les lectures idéologiques qui s’ignorent telles, dans un texte touffu qui s’assume comme tel.

• Une typologisation du catholicisme intransigeant, mis en relations avec d’autres types de catholicisme (catholicisme bourgeois, catholicisme libéral), qui fournit une grille de lecture donnant du sens.

• Une mise en relation du catholicisme avec les autres grands mouvements traversant l’époque contemporaine, le socialisme et la bourgeoisie, dépassant l’opposition binaire et montrant toute la dynamique surgissant de ce « conflit triangulaire ».

• Une insistance sur la dynamique propre au catholicisme intransigeant, engagé dans l’action sociale au travers d’un mouvement multiforme qui doit prendre en compte les conséquences de son action sur lui-même, source d’évolutions de plus en plus divergentes.

Utilisation possible dans les programmes scolaires