Sommaire
Résumé
Comme l’annonce le titre de l’ouvrage, l’auteur envisage la laïcité comme une solution aux problèmes que posait le lien institutionnel entre religion et État. La laïcité redéfinit les rapports entre religion et État, en les séparant de manière relative. Mais si la laïcité a apporté une solution aux problèmes qui précédaient son instauration, elle en pose d’autres, ce qui est d’ailleurs, souligne l’auteur, le lot de toute solution.
Un repérage historique pointe les moments de basculement entre une situation d’influence institutionnalisée de l’Église et une situation de séparation entre l’État et toute forme d’autre institution dans un premier temps (loi « le Chapelier » en 1791) ; puis une situation où l’influence de certaines institutions s’établit à nouveau dans la sphère publique, mais sous une forme différente. Selon l’auteur, l’anticléricalisme est loin d’être toujours antireligieux et le religieux marque profondément et durablement toute la société.
Les questions juridiques examinées mettent en relief la place du religieux dans le débat public, et la complexité des rapports entre sphère privée et publique lorsqu’il s’agit de convictions religieuses.
Le passage d’une religion publique (sous l’ancien régime puis au XIXe siècle) à une laïcité publique implique un renversement : la religion était publique, affaire d’État, c’est aujourd’hui l’inverse, c’est la liberté d’opinion qui est publique. Primauté de l’individu, liberté de conscience, mais aussi liberté des religions forment ce nouveau statut qui permet la coexistence des écoles privées et publiques, l’organisation des cultes avec un statut propre, les œuvres caritatives, etc.
La question du langage est évoquée et l’auteur montre combien certains mots jouent le rôle de repoussoir dans une culture ou l’autre, ce qui entraîne beaucoup de retard dans l’acceptation de la laïcité par le catholicisme. Mais tout au long des XIXe et XXe siècles se construit un nouveau rapport entre la religion et la science, qui consacre leurs autonomies réciproques et leur interaction féconde. Dans le même temps la morale est déconnectée de la religion, ouvrant sur un « inconnu » à construire ensemble. Le livre se termine sur deux textes importants pour mieux comprendre la laïcité à la française : la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, ainsi que le préambule et l’exposé des motifs de la loi de 1959, dite « loi Debré », sur les rapports entre l’État et les établissements d’enseignement privé.
La laïcité permet la coexistence harmonieuse, elle ne l’implique pas : quand le cadre est posé, le tableau reste à peindre, quand la possibilité est donnée, l’action reste à mener.
Points forts :
-
La grande connaissance que l’auteur a du monde catholique permet de bien percevoir les tensions qui se nouent entre les points de vue républicain et catholique, ce dernier étant moins détaillé dans d’autres études.
-
L’auteur fait référence à de nombreuses connaissances historiques, ce qui en fait un ouvrage intéressant pour un public averti.
Usage dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thèmes du programme |
Sixième |
Éducation civique |
La laïcité dans l'éducation |
Quatrième |
Éducation civique |
Les droits de l'homme et l'Europe : laïcité et identités nationales |
Quatrième |
Histoire |
La philosophie des lumières et la laïcisation de la société |
Troisième |
Éducation civique |
Valeurs, principes et symboles de la République (loi de 1905) |
Première |
Histoire |
Relations entre les églises et le monde moderne : le catholicisme, entre acceptation et refus |
M.A.
Référence du document
Recension : « Poulat Émile, Arnera Matthieu, POULAT Emile, La solution laïque et ses problèmes, Paris, Berg International, « Faits et représentations », 1997, 230 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/poulat-emile-solution-laique-ses-problemes-paris