Sommaire

Résumé

Cet ouvrage est la biographie d’un homme d’Église, devenu pape, qui fut intensément impliqué dans les affaires politiques de son temps, mais c’est aussi celle d’un enseignant et d’un intellectuel, sans doute le plus brillant du X^e siècle en Occident. Qui était Gerbert ? Une forte personnalité, orgueilleuse et ambitieuse, sensible et fidèle, « ni un héros ni un saint », écrit l’auteur dans l’ultime chapitre (chap. IX) de son récit chronologique.

Né sans doute en Auvergne vers 945-950 hors du milieu aristocratique, Gerbert fut confié tout jeune aux bénédictins de l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac. C’est là qu’il fut remarqué par le comte de Barcelone Borell en 967, qu’il suivit en Catalogne où il put bénéficier de l’enseignement et des bibliothèques de l’école de la cathédrale de Vich et sans doute du monastère Sainte-Marie de Ripoll. Le jeune moine séjourna ensuite de 970 à 972 auprès du pape Jean XIII à Rome, où il se lia au futur empereur du Saint-Empire romain germanique Otton II (chap. I). En mai 972, il partit pour Reims et devint écolâtre, c’est-à-dire principal maître et dirigeant de l’école de la cathédrale. Il y dispensa jusqu’en 989 un enseignement fondé sur le cursus disciplinaire antique des Arts libéraux. Gerbert avait toutefois la particularité de ne pas se limiter aux disciplines du Trivium (grammaire, rhétorique, dialectique), mais de poursuivre par celles du Quadrivium : géométrie, arithmétique, astronomie, musique (chap. II). Il ne s’éloigna de ses élèves qu’au début de la décennie 980 pour exercer la charge d’abbé de la prestigieuse abbaye de Bobbio, expérience malheureuse qui le poussa à rentrer à Reims au printemps 984 (chap. III). Il se partagea dès lors « entre l’enseignement et la politique » (chap. IV), aux côtés de l’archevêque de Reims Adalbéron et dans la fidélité aux intérêts impériaux. Gerbert fut aux premières loges lors de l’élection d’Hugues Capet par les grands de Francie en mai 987 ; il le connaissait bien, puisqu’il avait comme élève son fils Robert. À partir de 989, le parcours du moine auvergnat prit définitivement la voie du pouvoir et des hautes responsabilités ecclésiastiques, puisqu’il fut difficilement élu archevêque de Reims après la déposition du successeur d’Adalbéron, Arnoul, en 991 (Chap. V). Il le resta jusqu’en 997, mais dut faire face aux prétentions d’Arnoul et ne bénéficia plus du soutien du roi Robert le Pieux après la mort d’Hugues Capet (Chap.  VI). L’opposition du pape Grégoire V le poussa à abandonner le siège de Reims et à rejoindre Otton III en Allemagne puis en Italie. C’est l’empereur qui le plaça sur le siège métropolitain de Ravenne en 998 (chap.  VII) et le fit élire pape l’année suivante sous le nom de Sylvestre II. Bref et scandé par des difficultés jusqu’à sa mort en 1003, son pontificat fut marqué avant tout par l’expansion de la Chrétienté en Pologne et Hongrie (chap. VIII).

Points forts

• Sous la plume de celui qui a édité et traduit la correspondance de Gerbert d’Aurillac (Les Belles Lettres, 1993), la meilleure biographie d’un personnage (le « pape magicien » de Michelet et Hugo) longtemps confisqué par la légende.

• Le récit clair et vivant d’un parcours à la réelle « modernité », entre vie intellectuelle et engagements politiques. Récit bienveillant, mais lucide, par un historien que sa longue carrière a placé en témoin privilégié de bien des événements, notamment ceux de mai 1968 (enseignant à Nanterre, il dirigeait alors la Cité universitaire…).

Utilisation possible dans les programmes scolaires

LV