Sommaire
Résumé
L’ouvrage est la réédition, assortie d’une nouvelle introduction, d’un recueil d’articles publié pour la première fois en 1981. Il s’agit de textes engagés, tous écrits entre 1967 et 1980, qui portent sur le judaïsme, le sionisme et les différentes formes de judéophobie, et à propos desquels M. R. souligne dans l’introduction à l’édition de 1997 que, s’ils expriment des opinions influencées par sa période de militantisme communiste « stalinien », ils n’en reflètent pas moins toujours sa conception du conflit israélo-arabe. Convaincu que tout ethnocentrisme est dangereux, l’auteur propose ici une réflexion sur les problèmes juifs qui n’est pas judéocentriste et qui se montre même très critique à l’égard de l’optique judéocentriste. M.R. ne nie à aucun moment son ascendance juive mais il se place radicalement hors de tout regroupement fondé sur une quelconque appartenance au judaïsme. Il dénonce d’abord l’identification systématique entre sionisme et judéité, les Juifs ayant selon lui bien d’autres possibilités de compréhension d’eux-mêmes que l’idéologie nationaliste. Le sionisme n’est pas le corollaire obligé de la persistance d’une identité juive, il n’est pour lui qu’une option d’ailleurs fortement critiquable. Il ajoute que les sionistes, en affirmant que les Juifs sont ancrés dans leur judéité et qu’ils sont partout des étrangers en dehors d’Israël, utilisent les mêmes arguments que les antisémites. L’autre principale faute du sionisme à ses yeux est d’avoir voulu judaïser un territoire arabe en expulsant et en subordonnant ses habitants. Fondée sur l’implantation de colons et le déplacement de la population indigène, la création de l’Etat d’Israël n’est alors pour lui que l’aboutissement d’un processus colonial qui s’insère dans le vaste mouvement d’expansion européo-américaine des XIXe et XXe siècles. Mais, si regrettable que soit à ses yeux la création d’Israël et son mode de réalisation, M.R. souligne clairement que cet Etat constitue désormais une réalité dont les habitants ne peuvent être jetés à la mer. Dans l’introduction à l’édition de 1997, il ajoute qu’une partie de l’opinion juive a enfin été obligée de reconnaître que la création d’un Etat juif a causé du tort à ceux qui vivaient là avant. L’abandon du mythe d’une « terre sans peuple pour un peuple sans terre » s’est opéré avec des réticences et semble lié essentiellement aux réactions « quelquefois disproportionnées ou même dévoyées » des Palestiniens et aux modifications du contexte international, mais il permet au moins d’accorder une part de légitimité aux revendications palestiniennes. Rodinson est ainsi favorable à une solution pacifique du conflit fondée sur la coexistence en Palestine de deux entités, israélienne et palestinienne. Il estime en effet qu’il est impossible d’en revenir à la situation d’avant 1948 et que la cohabitation des deux peuples au sein d’une même structure étatique serait rendue difficile par l’exacerbation des deux nationalismes au cours de ces dernières décennies.
Points forts
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Une réflexion politique, historique et culturelle sur ce qui, aux yeux de l’auteur, constitue plus un « problème » qu’un « peuple » et dans laquelle transparaissent à la fois une grande érudition et une profonde honnêteté intellectuelle.
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Un point de vue engagé sur le sionisme et les relations judéo-arabes. Refusant toute approche judéocentriste et à ce titre soupçonné à plusieurs reprises de « haine de soi », M.R. est parfois polémique mais se refuse avant tout à être complaisant à l’égard des Arabes comme à l’égard des Juifs.
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Une préface rédigée pour la présente édition en 1997 qui souligne la cohérence des idées de l’auteur sur la longue durée puisque ce dernier y considère comme toujours valables des thèses que, pour certaines, il a exprimées trente ans auparavant. Cette introduction analyse également l’évolution du processus de paix ouvert par les accords d’Oslo en 1993.
Usage dans les programmes scolaires
5ème |
histoire |
monde musulman: Mahomet, le Coran, la diffusion de l'islam |
collège |
arabe |
repères essentiels |
lycée |
arabe |
la péninsule arabe avant l'islam; Coran |
S. L.
Référence du document
Recension : « Rodinson Maxime, RODINSON Maxime, Peuple juif ou problème juif ?, Paris, La Découverte, 1997, 337 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/rodinson-maxime-peuple-juif-ou-probleme-juif-paris