Notes bibliographiques, ill., annexes, index.
Sommaire
Résumé
L’ouvrage se compose de seize essais écris sur une trentaine d’années ; il se fonde sur les recherches textuelles d’une part et, de l’autre, sur les données du terrain que l’auteur a recueillies à Taiwan et dans la Chine continentale. Marchant sur les pas des fondateurs de la sinologie française tels que Marcel Granet, l’auteur se propose de répondre à des questions fondamentales qui concernent la religion taoïste d’hier et d’aujourd’hui, dans le dessein de déterminer sa place au sein de la civilisation chinoise.
Le premier essai, assez long, porte sur l’histoire la plus ancienne du taoïsme et sur la formation de ses textes principaux : l’auteur parcourt l’évolution de ce courant religieux depuis les mystères de ses origines jusqu’à la naissance de son église, à travers l’intégration des mythes et des traditions qui relèvent des cultes locaux ; il met aussi en évidence l’origine de sa confrontation séculaire avec l’orthodoxie confucéenne. D’autres essais concernent l’analyse de maints aspects de la tradition liés à son organisation institutionnelle : c’est-à-dire les maîtres et leurs préceptes, les temples et leurs services liturgiques, la cosmologie et son panthéon, etc. l’auteur traite aussi de manière exhaustive quelques thèmes toujours actuels, notamment la ferveur révolutionnaire des croyances messianiques et millénaristes, le rapport du taoïsme avec l’environnement naturel et le paysage intérieur, la systématisation des traditions orales. C’est surtout en relation avec l’étude des cultes locaux que ressort le rôle indéniable joué par les guildes dans la vie publique et privée du peuple, aussi bien que le caractère éminemment démocratique et la nature religieuse de ces associations, étant donné que « la religion en Chine n’était jamais devenue une fonction différenciée de l’activité sociale » (p. 394).
Le sentiment d’une continuité immémoriale accompagne le lecteur à travers les pages : le taoïsme s’avère une religion encore bien vivante qui a incorporé « un grand nombre de rites de la Chine archaïque et classique qui, sans cette transmission au sein du système taoïste, auraient été irrémédiablement perdus » (p. 330). « Grand transmetteur de la culture chinoise classique » (p. 326), cette tradition ancienne, loin d’être un phénomène religieux marginal, peut nous aider à comprendre les transformations profondes de la société chinoise du XXIe siècle.
Points forts
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La description détaillée de plusieurs services religieux auxquels l’auteur a assisté à Taiwan et dans la Chine continentale. De plus, ayant reçu l’initiation de maîtres taoïstes à Taiwan en 1968, il a pu célébrer les rituels en question avec les prêtres : la valeur des explications qu’il en fournit est donc exceptionnelle.
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Un continuum historique et religieux rendu par des références fréquentes et ponctuelles à la scène sociale et politique contemporaine, ce qui est indispensable pour l’acquisition d’une vision d’ensemble sur la Chine et son évolution.
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Les trois index des noms de personnes, des noms de lieux et des notions et ouvrages font de ce volume un précieux outil de consultation. En particulier, le dernier index inclut un grand nombre de termes chinois très utiles pour les études religieuses ; l’auteur rétablit et éclaircit le sens originel de ces mots, souvent perdus dans les conventions de la traduction.
D.C.
Domaines religieux : Religions d’Asie : Taoïsme, Religions d’Asie : Chine, Religions d’Asie
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Référence du document
Recension : « Campo Daniela, Schipper Kristofer, SCHIPPER Kristofer, La religion de la Chine. La tradition vivante, Paris, Fayard, L’espace intérieur, 2008, 472 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/schipper-kristofer-religion-chine-tradition-vivante