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SECRET François, Les Kabbalistes chrétiens de la Renaissance, Paris, Dunod, 1964, XI-372 p. (Sigma ; 5)

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Index des noms propres, illustrations

Sommaire

Résumé

Courant majeur du judaïsme ésotérique, la kabbale (qui signifie tradition ou réception et désigne les doctrines mystiques du judaïsme fondées sur l’exégèse symbolique de la Bible) fut également étudiée par les auteurs chrétiens de la Renaissance, au point de donner naissance à une véritable kabbale chrétienne. Mais, que ce soit chez les catholiques ou dans les Églises issues de la Réforme, la kabbale chrétienne n’intéresse que quelques théologiens généralement influencés par le néo-platonisme mystique et l’ésotérisme chrétien : les différentes traditions entretiennent à la fois des courants favorables à l’usage de la kabbale et d’autres qui lui sont foncièrement hostiles (p. 239-287). Après avoir présenté les racines espagnoles de ce mouvement, l’A. étudie les relations de Pic de la Mirandole avec les kabbalistes juifs qui lui apprirent l’hébreu et les rudiments de cette mystique ésotérique. Initiateur plus que fondateur, c’est lui qui ouvrit « au monde humaniste la route des trésors fabuleux » de la kabbale (p. 41). Du côté germanique, Jean Reuchlin (1455-1522) prit goût à cette science en Italie et publia en 1517 ce qui constitua « la Bible de la kabbale chrétienne » (p. 57), le De arte cabalistica. Faisant une lecture chrétienne de l’anthropologie et de la théologie des kabbalistes, Jean Reuchlin fonde ainsi un ésotérisme chrétien. Il s’ensuivit un véritable « âge d’or de la kabbale chrétienne » qui conduisit différents auteurs à retrouver dans les théories kabbalistes des preuves de l’existence de la Trinité, de la divinité du Christ. Certains d’entre eux présentent également des théories millénaristes annonçant la fin des temps. Le plus illustre des kabbalistes chrétiens est le cardinal Gilles de Viterbe : son traité sur la Shékina (l’inhabitation divine parmi les hommes) constitue « l’effort le plus remarquable d’assimilation de la kabbale dans le monde des humanistes chrétiens » (p. 120). Dans l’aire germanique et réformée, Conrad Pellican (1478-1556) se livra à une activité de traducteur et de philologue sans pour autant construire une œuvre kabbalistique personnelle. En France, la figure la plus marquante est Guillaume Postel (1510-1581) qui eut une vie rocambolesque et originale au cours de laquelle il tenta de construire la Concorde universelle au moyen d’un syncrétisme vigoureux. Il traduisit le Zohar en lui ajoutant nombre gloses et transmit sa passion pour la kabbale à ses disciples. Quant à l’Angleterre, elle ne connut des auteurs kabbalistes qu’à partir des années 1580.

Géographiquement, l’édition kabbalistique correspond aux grands centres de l’édition hébraïque. À cet égard, en Italie, Venise se distingue par son dynamisme. Sociologiquement, elle est souvent le fait de Juifs convertis au christianisme qui trouvent dans cette tradition ésotérique l’annonce des grands dogmes de leur nouvelle religion.

  • Domaine : christianisme.

  • Sous-domaines : Catholicisme. Protestantisme. Renaissance. Humanisme chrétien. Théologie. Exégèse. Relations avec le judaïsme.

  • Profil :Ouvrage spécialisé.

Points forts

  • L’A. met en œuvre une érudition exceptionnelle pour faire connaître au lecteur un continent méconnu de la littérature chrétienne.
  • La présentation rigoureuse des différents ouvrages analysés est accompagnée de larges citations qui permettent un contact direct avec les sources.
  • L’extraordinaire diversité de la page de dialogue judéo-chrétien que constitue la kabbale chrétienne est bien rendue dans l’ouvrage : diversité dans les ancrages géographiques (les différents chapitres traitant chacun d’un pays), diversité dans les ancrages intellectuels ou confessionnels.
  • La présentation de Guillaume Postel et de sa postérité intellectuelle (p. 171-217) fait droit au caractère romanesque de cette vie déchirée entre une grande intelligence et une structure psychologique favorable au délire mystique.
  • La christianisation de la kabbale et de ses méthodes pose la question du positionnement du christianisme par rapport au judaïsme et peut être interprétée dans une optique d’acculturation.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

Classe

Discipline

Thème

Seconde

Histoire

Humanisme et Renaissance : Réformes protestantes et catholiques.

C.M.

NOTES DE BAS DE PAGE
NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Millénariste, Humanisme, Mystique, Dogme, Glose, Syncrétisme
Domaines religieux : Christianisme, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Origines et corpus : Théologie, Christianisme : Période : Renaissance, Christianisme : Doctrines et courants : Églises protestantes, Islam : Politique et société : Relations avec le judaïsme, Christianisme : Origines et corpus, Christianisme : Période : Humanisme chrétien
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Secret François, SECRET François, Les Kabbalistes chrétiens de la Renaissance, Paris, Dunod, 1964, XI-372 p. (Sigma ; 5) » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/secret-francois-kabbalistes-chretiens-renaissance

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