Sommaire
Résumé
Préfacé par Elie Wiesel et édité sous la direction d' Olivier Mannoni, l'ouvrage réunit 12 articles de Manès Sperber publiés dans diverses revues françaises et allemandes entre 1952 et 1979. L'analyse de la pensée et de l'identité juives s'accompagnent ici d'une interrogation permanente sur les causes et la nature de l'antisémitisme. Fils de rabbin élevé dans la tradition du judaïsme hassidique, marqué par une éducation où la religion englobait tous les aspects de la vie, il se présente comme un Juif non croyant mais demeuré « compagnon de ses ancêtres », solidaire autant des Juifs et de leurs souffrances que de tous ceux qui subissent des injustices. Il conçoit donc son judaïsme comme une éthique et un humanisme caractérisés par le refus de l'exclusion et de l'idolâtrie. Ce sont pour lui les persécutions et les souffrances, beaucoup plus que leur foi, qui ont amené les Juifs à développer une conception judéo-centrique d'eux-mêmes à laquelle il refuse de succomber.
Omniprésente dans la vie juive, la Bible est d'abord à ses yeux la « patrie des Juifs » auxquels elle a permis de survivre en tant que peuple. En favorisant un contact direct entre chaque homme et Dieu, elle met tous les hommes au même niveau, ce qui pour M.S. constitue l'idée la plus révolutionnaire jamais conçue par l'humanité. Sans être antisioniste, il estime que l'existence d'une nation juive ne peut résoudre la question de la diaspora. Il manifeste toutefois une réelle sympathie pour le mouvement sioniste auquel il reconnaît d’avoir sauvé des Juifs de l'extermination et engendré le modèle social du kibboutz, meilleure preuve selon lui que les hommes peuvent constituer une alliance dans laquelle personne n'est exploité.
Depuis 1945 nul ne peut ignorer que l'antisémitisme est une haine totale, qui tend vers le génocide que l'auteur désigne par le terme hébraïque hourban(catastrophe), et qui le met en œuvre dès que les circonstances sociales et politiques le permettent. Ainsi, le judaïsme d'Europe centrale qui durant des siècles a perduré grâce au shtetl, a péri avec lui, emporté par le totalitarisme. Bien qu'Hitler ait exterminé ses lecteurs et Staline liquidé ses écrivains, la littérature yiddish a survécu en assumant l'héritage de ce désastre.
-
Domaine : Judaïsme
-
Sous-domaine : identité juive
-
Profil ouvrage : Ouvrage spécialisé
Points forts
-
Une analyse approfondie de l'identité juive fondée sur une expérience personnelle mais aussi sur une parfaite maîtrise de l'histoire et de la tradition juives. Ni religieux, ni défenseur d'un « judaïsme culturel », Manès Sperber présente à travers ces articles une conception originale de sa judéité.
-
Une réflexion sur l'antisémitisme, ses causes, sa nature et ses différentes formes. Là encore, la démarche de l'auteur est originale, dans la mesure où son analyse s'appuie essentiellement sur une étude psychologique du phénomène.
-
Une mise en relation permanente du judaïsme avec son environnement social et politique quels que soient les périodes et les espaces évoqués. M.S. rattache d'ailleurs son questionnement sur « l'être juif » à une réflexion plus générale sur l'humain, la liberté ou encore les totalitarismes.
-
L'évocation d'un monde disparu, celui du shtetl, de la littérature en yiddish qui y a survécu et de quelques-uns de ses grands écrivains.
-
Une relation complexe au sionisme où se mêlent un attachement profond à la nation israélienne et un positionnement prudent à propos de l'Etat d'Israël.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Terminale |
Histoire philosophie |
S.L.
Domaines religieux : Judaïsme, Judaïsme : Rites et pratiques
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Sperber Manès, SPERBER Manès, Être Juif, Paris, Odile Jacob, 1994, 224 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/sperber-manes-etre-juif-paris-odile-jacob-1994-224-p