Sommaire

Résumé

Après avoir étudié les raisons de la convocation tardive ainsi que de la longueur du concile de Trente (1545-1563), l’A. présente le « milieu conciliaire » (pp. 29-43), caractérisé par une faible importance numérique et une écrasante majorité d’évêques italiens. L’autre nation particulièrement bien représentée, tant chez les évêques que chez les théologiens, est la nation espagnole. Problèmes financiers et rivalités nationales sont un aspect fondamental de l’histoire du concile. Le chapitre suivant analyse l’œuvre dogmatique du concile de Trente à la lumière des concepts mis en place par l’historiographie. Après avoir rappelé les limites propres à chacun d’eux, l’A. explique dans quelle mesure le concile de Trente a été une œuvre en réaction contre le protestantisme, ce qui explique le caractère central du décret sur la justification dans l’édifice dogmatique tridentin. C’est à partir de ce décret insistant sur le rôle des œuvres dans le salut que l’on peut comprendre la profonde nouveauté pastorale de la Réforme catholique. Mais la volonté de s’opposer aux protestants n’est pas le tout de la pensée dogmatique tridentine : l’A. rappelle ainsi le silence conciliaire sur Marie, dont le culte était pourtant largement contesté par les protestants. Puis, il analyse l’œuvre disciplinaire du concile qui met l’évêque au centre de l’œuvre de réforme. Caractérisée par le cléricalisme, elle ne s’occupe des laïcs que pour les placer plus étroitement encore sous le contrôle de l’Église et l’A. conclut en rappelant à quel point « le modèle de réforme élaboré à Trente s’avère difficile d’application » (p. 78). À cet égard, l’œuvre de Charles Borromée, archevêque de Milan de 1565 à 1584 est exemplaire : soucieux de restaurer l’autorité épiscopale, il se distingue par le nombre de ses visites pastorales aussi bien que par son attention à la catéchisation des fidèles. C’est en grande partie grâce à la récupération de son œuvre par Rome que Charles Borromée connut un succès européen : la création d’institutions centrales chargées de mener à bien les réformes donnèrent à Rome la possibilité d’incarner la Réforme catholique. L’A. examine enfin les « destins du concile du Trente » (pp. 85-93) : au-delà de la querelle sur la réception des décrets, il montre à quel point le souci de compromis qui a présidé à leur rédaction en fait un point de référence partagé par l’ensemble des ecclésiastiques : malgré l’existence de courants critiques, l’enthousiasme semble avoir été réel.

• Domaine : christianisme.

• Sous-domaine : Catholicisme. Réforme et Contre-Réforme. Clergé.

• Profil : Ouvrage grand public.

Points forts

• Ne négligeant aucun des aspects historiques du concile de Trente (mise en ordre sociale, clarification théologique, vie quotidienne au concile, lutte entre les différents États ou les différents courants théologiques et ecclésiologiques), l’A. livre une synthèse qui permet de comprendre en profondeur l’événement tridentin aussi bien que ses destinées les plus récentes.
• La chronologie placée en fin de volume peut servir de support de cours. Le choix de huit documents, décrets conciliaires et documents « officieux » (une défense de la traduction de l’Écriture par le cardinal Madruzzo, un programme de réforme d’un évêque italien réformateur, une relation d’ambassadeur espagnol), permet un contact direct avec les sources.
• Le refus de l’A. de se placer dans une démarche polémique.
• La distinction (p. 65-84) entre une réforme tridentine, une réforme borroméenne et une réforme romaine permet d’affiner le thème classique du tridentinisme en rappelant d’abord le caractère souple de l’œuvre disciplinaire du concile de Trente, son application par Charles Borromée puis sa progressive reprise en main (qui ne fut jamais totale au cours de l’époque moderne) par le centre romain. Le caractère profondément nuancé de ce système d’interprétation permet de rendre compte des différentes phases de l’application de la réforme en même temps que des dynamismes qui restent extérieurs à un absolutisme romain encore largement à construire.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

C.M.