Sommaire

Résumé

Cette vaste étude – à la fois historique et philosophique – que mène P. Bouretz dans le paysage philosophique juif allemand du XX^e siècle a pour fil directeur la question du messianisme et d’un « au-delà » de l’histoire. Chaque chapitre de l’ouvrage est consacré à l’un de ces penseurs dont « les existences ont traversé le XX^e siècle » (p. 10) – de H. Cohen à E. Levinas. Selon l’auteur, ces penseurs juifs nés « à l’époque du désenchantement du monde, de la ‘mort de Dieu’ et de la destruction de la raison » (p. 15) ont « sauvé » l’idéalisme allemand par le recours à l’idée d’un accomplissement de l’histoire dans le messianisme.

La diversité de leurs formations, préoccupations et orientations philosophiques permet à l’A. de dégager croisements, dialogues et oppositions. Si tous ces philosophes ont en commun d’avoir contribué à introduire dans la philosophie une dimension messianique inédite, c’est dans la mesure où, pour eux, « l’expérience historique s’est dressée comme un obstacle qu’il fallait se résigner à accepter ou tenter de surmonter pour dégager un nouvel horizon, tourné vers le futur, ouvert à l’utopie, en un mot, messianique ». Cette dimension messianique permet le renouvellement de problématiques philosophiques fondamentales : en témoignent par exemple les Thèse sur l’histoire de W. Benjamin, le principe de responsabilité envers les générations futures de H. Jonas, ou encore la redéfinition de l’éthique par E. Levinas. Dans cette étude, l’approche de Bouretz est à la fois historique et philosophique. L’interprétation des doctrines s’étaye toujours sur des indications biographiques très fouillées, assorties d’un exposé détaillé du contenu des écrits de l’auteur en question. L’étude dépasse largement le cadre de sa problématique de départ : Bouretz dessine le paysage intellectuel d’une époque et brosse un tableau d’ensemble de la vie et de l’œuvre de chaque philosophe abordé, bien au-delà de la stricte question du messianisme. Ainsi, par exemple, le chapitre consacré à Scholem est l’occasion d’aborder les développements du mouvement sioniste et la vie intellectuelle du Yishouv; celui sur W. Benjamin consacre de longues pages à l’interprétation par Benjamin de l’œuvre de Kafka.

Au total, neuf philosophes sont présentés, nés entre 1842 et 1906, morts entre 1918 et 1995, juifs, allemands « d’origine ou de culture », et dont l’œuvre porte la trace de l’idée messianique : H. Cohen (Chap. I), F ; Rosenzweig (Chap. II) ; W. Benjamin (Chap. III), G. Scholem (Chap. IV), M. Buber (Chap. V), E. Bloch (Chap. VI), L. Strauss (Chap. VII), H. Jonas (Chap. VIII) et E. Levinas (Chap. IX).

• Domaine : judaïsme.

• Sous-domaine : Philosophie

• Profil ouvrage: ouvrage spécialisé

Points forts

• Les recherches biographiques extrêmement bien documentées, qui nous présentent des informations précises et détaillées sur les auteurs abordés.

• Le fait que chaque chapitre soit aussi l’occasion d’aborder le contexte philosophique, intellectuel, politique de l’époque, et constitue donc également une introduction à l’histoire du judaïsme allemand du XX° siècle.

• L’appareil critique, très développé, qui permet notamment de retrouver facilement les sources auxquelles il est fait référence dans le corps de l’ouvrage.

• La combinaison originale d’une approche historique, sociologique et philosophique.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

S. N.