Sommaire

Résumé

Dans une première partie (quatre chapitres) P.B. insiste sur l’importance du cadre paroissial comme lieu premier de l’expérience religieuse de la période 1814-1880. Celui-ci connaît des mutations (modernisation agricole et industrielle, développement des communications), alors que l’affirmation de l’identité communale passe notamment par la reconstruction des églises, le déplacement des cimetières et la création de nouvelles paroisses. Ces changements, déstructurant les paroisses rurales, sont accompagnés par les curés. Ces clercs (deuxième partie, trois chapitres) appartiennent à une société cléricale, possédant un état, le sacerdoce, structurée par un comportement, la distance par rapport au « monde », et entretenue par des relations de sociabilité masquant des tensions internes liées aux carrières sacerdotales. Ces « pasteurs » font face à l’autonomisation de leur « troupeau », inscrit de manière croissante dans une logique qui n’est plus celle des clercs. Aussi (troisième partie, cinq chapitres) ces derniers entendent-ils renouveler les pratiques cultuelles et spirituelles afin de réaffirmer l’emprise catholique sur les populations. Mais ils déstabilisent la communauté paroissiale, prenant position à partir de 1848 sur les questions politiques et sociales, s’engageant dans la discussion avec leurs ouailles, les protestants, les agnostiques. Ainsi se réalise une mutation profonde de la religion : elle « ne s’est pas tant perdue (comme l’implique le préfixe privatif de dé-christianisation), qu’elle a changé de statut ; qu’elle est passée du statut de “fait de mentalité”, imprégnant tous les actes de l’existence rurale, au statut, plus aisément contestable, d’opinions religieuses, à la faveur de cette révolution que constitue, en 1848, la proclamation du suffrage universel masculin. » (p. 11).

• Domaine :Christianisme.

• Sous-domaine :Catholicisme. Période contemporaine. Clergé. Représentations collectives et mentalités.Pratiques religieuses.

• Profil :Ouvrage spécialisé.

Points forts

• La participation du catholicisme à la modernité, la volonté d’accompagner les mutations sociales et de renouveler les pratiques cultuelles pour perpétuer l’emprise sociale de l’Église, qui débouche dans la remise en cause de la cohérence du « pays » et de la paroisse rurale, prélude à une perte d’influence.

• Le changement de statut de la religion (de la mentalité à l’opinion) et l’existence de conflits entre prêtres et fidèles, qui a permis l’accueil d’idées hostiles au catholicisme, expliquent l’apparition du cléricalisme et de l’anticléricalisme : « Le cléricalisme [est] l’achèvement réussi d’un processus de transformation des mentalités religieuses rurales en un ensemble cohérent d’opinions religieuses impliquant en outre un type de vote conservateur pour plus d’un demi-siècle. L’anticléricalisme est au contraire lié à l’achèvement du même processus, mais sans succès pour l’Église : la religion se voit dès lors reléguée au simple statut d’opinion, de croyance personnelle coexistant libéralement avec beaucoup d’autres et à laquelle toute implication sociale ou politique est niée » (pp. 644-645).

• La mise en relation avec d’autres grandes analyses historiques de la constitution d’ensembles socio-idéologiques cohérents : Paul Bois (Paysans de l’Ouest, 1960), Maurice Agulhon (La République au village, 1970), Alain Corbin (Archaïsme et modernité en Limousin au xix^e siècle, 1845-1880, 1975), André Siegfried (Tableau politique de la France de l’Ouest, 1913).

Utilisation possible dans les programmes scolaires