Sommaire

Résumé

L’analyse s’inscrit dans un cycle, ouvert avec la découverte de la Vraie Croix – attribuée à la mère de Constantin, Hélène – et fermé lorsqu’après 1204, une partie des reliques accumulées dans Constantinople pendant des siècles tombèrent aux mains des Latins preneurs de la ville. Les reliques furent ensuite dispersées ou redistribuées dans tout l’Occident. Parmi elles, la Couronne d’épines, que saint Louis déposa dans la Sainte Chapelle de son palais, centre névralgique de la Royauté. Ce sont les multiples fonctions des reliques, inscrites dans une médiation essentielle entre les pouvoirs temporel et spirituel, et leur utilisation par les puissants chrétiens, qu’explore cet ouvrage. L’expression forgée par l’auteure de « politique des reliques », montre combien les laïcs médiévaux ont utilisé les restes sacrés « pour étayer, glorifier, voire légitimer toute autorité politique au Moyen Âge » (p. 6). Les deux premiers chapitres posent les fondations : d’abord en reprenant les dossiers de la naissance du culte des reliques, des catégories de miracles qui leur sont attribuées et du développement de la relation essentielle établie entre relique et pacification du royaume, bref, en s’intéressant aux fondements du lien établi entre « reliques et intérêt collectif » (chap. 1) ; ensuite en cernant les contours de ce qui constitue le « modèle byzantin » (chap. 2), inscrit dans l’héritage des prérogatives religieuses de l’empereur romain mais dont la cristallisation des éléments essentiels, en lien avec la notion de bien public, n’intervint qu’au IX^e siècle. L’auteur se focalise ensuite, dans deux chapitres successifs, sur l’espace occidental, où les reliques ont servi à sacraliser et légitimer le pouvoir royal (chap. 3) et où elles ont été utilisées comme marqueurs du pouvoir territorial (chap. 4). Si la perception que l’on peut avoir de l’influence du modèle des empereurs romains et byzantins varie suivant l’état des relations entre l’Orient et l’Occident latin, à partir des croisades ce dernier chercha clairement à s’approprier les reliques accumulées par Byzance. Enfin, le dernier chapitre est consacré aux aspects cérémoniels des dépositions, expositions et translations de reliques, qui participaient d’une véritable mise en scène du pouvoir dans laquelle les grands, comme le peuple, avaient leur rôle à jouer.

Points forts

• La première synthèse globale sur un phénomène, l’usage des reliques, qui n’est pas sans résonance avec notre histoire contemporaine, comme en témoignent l’importance symbolique du contrôle politique du culte des grands hommes ou le retour à Moscou — orchestré par le pouvoir — de la main de Jean-Baptiste en juin 2006 (voir en introduction, p. 6).

• Une analyse qui souligne l’importance de la fabrication littéraire des récits rapportant l’acquisition et la mise en valeur des reliques par les souverains. Ce qui a compté, c’est moins la réalité des faits que la représentation que l’on a cherché à en composer et surtout à répandre.

LV.