Sommaire

Résumé

L’A. part d’un constat : la volonté de réformer l’Église est antérieure à l’apparition des réformateurs qui, comme Luther ou Calvin, rompent avec elle. Plutôt que d’envisager les Réformes protestantes comme des chocs que rien n’avait préparé, l’A. part du tournant que constitue à ses yeux le milieu du xiii^e siècle pour retrouver l’archéologie de ces phénomènes. Les facteurs démographiques sont pris en compte pour expliquer la genèse de cette volonté de réforme : confrontée au défi d’un monde plein, l’Église encouragea peu à peu les populations à se marier plus tard et permit ainsi, grâce à un investissement pastoral conséquent, l’émergence d’une conscience laïque. L’analyse des courants de pensée (p. 95-146) ouvre des analyses sur la mise en place des structures ayant ensuite permis l’éclosion des théologies réformées. En particulier, à partir du xiv^e siècle, le développement d’une anthropologie marquée par la conscience de la Chute et du péché ouvrira à la fois aux angoisses de Luther autour de la question du salut et à la résolution qu’il en propose par l’insistance sur la foi comme seul moyen d’être sauvé. Les hérésies des xiv^e et xv^e siècles proposent déjà nombre de solutions qui seront reprises par les Réformateurs protestants : Wycliff propose ainsi une redéfinition du sacerdoce et un abandon de la croyance en la présence réelle, deux voies dans lesquelles il sera suivi par les protestants.

La deuxième partie du livre est une étude de la genèse de la Réforme protestante dans les milieux humanistes qui, par la redécouverte des sources qu’ils proposèrent, la préparèrent. Le long chapitre sur Luther (p. 369-470) est un portrait du réformateur qui laisse place aussi bien aux aspects intellectuels (les autorités dont se réclame le religieux augustin, les principaux points de la doctrine qu’il met en place) qu’aux aspects plus chronologiques de la crise qu’engendrèrent ses prises de position. Enfin, la « théorie générale de la Réforme protestante » (p. 471-540) propose une série de réflexions sur le succès de ces propositions : quel a pu être le rôle de l’imprimerie, comment proposer une interprétation du caractère majoritairement nordique de la Réforme ?

Points forts

• Le choix de mener l’analyse sur la longue durée permet de faire ressortir des structures parfois oubliées par l’historiographie.
• Le dialogue permanent entre histoire quantitativiste (aspects économiques et surtout démographiques) et histoire religieuse.
• La puissance de réflexion de l’historien qui propose un schéma d’interprétation tout en restant attentif aux détails qui peuvent donner à ce schéma une plus grande profondeur.
• Le choix d’étudier l’Europe dans son ensemble.
• La volonté de montrer à quel point la rupture de la Réforme se place aussi en continuité avec les structures mises en places par les siècles précédents.

• Domaine : christianisme.

• Sous-domaines : Généralités. Catholicisme. Protestantisme. Images et représentations. Peinture. Espaces et territoires. Clergé. Représentations collectives et mentalités. Moyen Âge. Renaissance. Réforme et Contre-Réforme. Théologie. Exégèse. Sociologie. Anthropologie.

• Profil : ouvrage grand public.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

C.M.