Sommaire

Résumé

Le bouddhisme chinois de Paul Demiéville est paru pour la première fois en 1970 dans la collection Histoire des religions dirigée par Henri-Charles Puech, rééditée en 1999. Bien que cet ouvrage date désormais de quelques dizaines d’années, il demeure toujours un classique de la littérature scientifique sur le bouddhisme, mais également un texte fondamental pour tous ceux qui désirent avoir une approche sérieuse, synthétique et précise de l’histoire de cette tradition en Chine. En commençant par l’époque de l’introduction de la doctrine indienne en Chine, c’est-à-dire le Ie siècle de notre ère, l’auteur trace une histoire méticuleuse de cette tradition en parallèle avec la chronologie historique qui signe les étapes complexes de ce pays. Son examen touche notamment l’époque fervente que certains historiens désignent comme le Moyen âge chinois, caractérisée par une activité très intense de traduction de sutra bouddhiques provenant d’Inde ou d’Asie centrale. Parmi eux figurent des textes qui furent très influents en Chine, comme par exemple le Lotus de la Vraie Loi. Tout en s’arrêtant sur les traducteurs et les maîtres bouddhiques les plus importants, l’auteur introduit en même temps les doctrines ainsi que les termes techniques désignant les concepts principaux qui les caractérisent. En partant d’une phase d’introduction et d’adaptation, le bouddhisme, sous les Tang (618-907), se répand désormais à tous les niveaux de la société et se caractérise par le développement de différentes « écoles », explorées par l’auteur. Son examen ne s’arrête cependant pas ici, mais se poursuit jusqu’à l’analyse de facteurs sociaux et économiques qui émergent en Chine en conséquence de l’introduction et la diffusion de cette doctrine. Le paragraphe consacré aux activités économiques de l’« Église » bouddhique en est un bon exemple (p. 1288-1291). L’auteur approfondit ensuite les traits marquants du Xe siècle, qui voit la première publication d’une édition imprimée du Canon bouddhique, et des deux siècles suivants qui voient un accroissement très important de la population monastique, ce qui s’accompagna toutefois d’interventions de la part de l’État pour contrôler ce flux. La domination mongole (de 1820 à 1367) constitue une époque très originale qui se caractérise par une adoption du lamaïsme à la cour de Genghis Khan. Du XIVe siècle jusqu’à la fin de l’ère impériale (en 1911), nous assistons en revanche à une sinisation plus radicale du bouddhisme causée principalement par le succès du néo-confucianisme. La dernière partie porte sur l’époque plus récente, c’est-à-dire les événements tumultueux qui se produisent de 1912 jusqu’à 1966.

Points forts

• Ce sont avant tout la précision philologique, les détails savants glissés dans le texte qui font de ce travail un ouvrage précieux, fruit d’une analyse scrupuleuse des sources scientifiques en langues occidentales, mais aussi et notamment, des sources japonaises et chinoises.

• Chaque section comporte une introduction historique, qui est fondamentale pour comprendre les différentes phases du développement de la doctrine bouddhique en Chine.

• Une étude complète et à la fois concise de l’histoire du bouddhisme qui considère également les facteurs sociaux et économiques liés à la diffusion de cette doctrine en Chine.

• À la fin de cet ouvrage figure une bibliographie des travaux scientifiques de base en langues occidentales sur l’histoire du bouddhisme chinois en général, et une bibliographie sur chaque période ou problématique spécifique qui y est traitée.

• La dernière section porte sur l’« ère républicaine », période souvent négligée en faveur des phases plus anciennes.

C. M.