Sommaire

Résumé

Les trois auteurs sont tous spécialistes du monde musulman médiéval et étaient maîtres de conférences au moment de la rédaction de ce livre. Les travaux d’Anne-Marie Eddé, aujourd’hui directrice de recherches au CNRS, portent principalement sur le Proche-Orient (Syrie-Palestine) aux XII^e-XIII^e siècles. Ceux de Françoise Micheau et Christophe Picard, professeurs d’histoire médiévale à l’Université de Paris I, sont respectivement consacrés à l’histoire des textes scientifiques — médicaux en particulier — et de leurs traductions vers l’Occident, d’une part, la présence musulmane dans l’Océan Atlantique jusqu’au XIII^e siècle, d’autre part. Cet ouvrage était destiné, lors de sa parution, à la préparation des concours d’enseignement (CAPES d’histoire-géographie et Agrégation d’histoire).

Dans l’introduction, les auteurs rappellent qu’au début du VII^e siècle les espaces considérés, de l’Espagne à la Haute-Mésopotamie en passant par l’Afrique du Nord, et à l’exception de l’Iran et de l’Arabie, “ étaient des terres de vieille et solide chrétienté ” (p. 9). S’y étaient développées des Églises autonomes, souvent rivales, avec leurs particularismes doctrinaux, linguistiques et liturgiques. Au Proche-Orient cohabitaient ainsi cinq Églises principales : melkite, copte monophysite, syriaque monophysite (ou jacobite), nestorienne et maronite. Aussi l’histoire de ces communautés après la conquête musulmane fut-elle “ l’histoire plurielle et complexe d’un accommodement forcé et d’une acculturation choisie, avec leurs chances et leurs richesses, mais aussi avec leurs risques et leurs faillites ” (p. 15). Le premier chapitre pose les cadres de la géographie ecclésiastique en distinguant neuf espaces : la Syrie-Palestine, la Haute-Mésopotamie et l’Irak, l’Iran, les mondes arménien et géorgien, l’Arabie et les tribus arabes, l’Égypte, la Nubie et l’Éthiopie, l’Afrique du Nord et la Sicile, Al-Andalus. Le second chapitre aborde le statut juridique des dhimmi (voir dhimma), régi par un texte connu sous le nom de “ pacte de `Umar ”, qui accordait des droits et une protection dont la contrepartie était le paiement d’un impôt de capitation, la djizya, ainsi qu’un certain nombre de mesures que le non-musulman devait respecter. Les A. s’attachent également à présenter la façon dont ce statut fut réellement appliqué dans les différents espaces. Le troisième chapitre est consacré à la vie religieuse, caractérisée par un certain faste, une piété volontiers expressionniste, la place du monachisme et, dans la péninsule ibérique, l’héritage wisigothique. Un dernier chapitre, enfin, aborde les transformations sociales et culturelles entraînées par la domination musulmane. Sont ensuite présentés vingt-huit documents variés parmi lesquels on trouvera notamment le “ pacte de `Umar ” (n°5, p. 188-189).

• Domaine : christianisme

• Sous-domaines : Églises d’Orient. Moyen Âge. Littérature. Espace et territoires. Clergé. Pratiques religieuses. Croyances. Théologie. Exégèse. Liturgie. Relations avec l’islam. Relations avec le judaïsme.

• Profil : Ouvrage à usage pédagogique

Points forts

• Une synthèse commode et claire, à lire en parallèle avec l’Histoire du christianisme (tome 4)

• Le souci constant d’éviter tout anachronisme et de rectifier les exagérations que la question des “ chrétiens d’Orient ” et les débats de l’historiographie espagnole ont pu générer. Voir ainsi les réflexions de l’introduction (p. 11-14) et, dans le chapitre II, les pages 65 à 77 (“ Les chrétiens en Orient : tolérance ou persécutions ? ”), qui délimitent strictement le cadre dans lequel on peut parler de “ tolérance ” de la part de l’islam et soulignent “ que dans la pratique cette tolérance à l’égard des chrétiens et des juifs fut en général bien supérieure à ce que prônait la théorie ” (p. 77).

• La démonstration que les chrétiens d’Orient ne furent pas “ socialement et culturellement marginaux ”, comme en témoignent l’activité et la personnalité du catholicos de l’Église nestorienne Timothée Ier (780-823), parfaitement intégré au milieu bagdadien (p. 141-145). À ce titre, on trouvera dans ce livre bien des matériaux pour traiter de la coexistence entre civilisations, malgré l’écart chronologique avec le programme de Seconde.

Utilisation possible dans les programmes scolaires