Sommaire

Résumé

Version remaniée et mise à jour d’un ouvrage paru en 2001 aux éditions SEDES (L'Église et la société en Occident. Pouvoir politique et pouvoir religieux du VIIe au XIe siècle), ce livre entend tracer le bilan des relations entretenues par l’Église catholique avec les différents groupes composant la société au cours de la période qui a vu s’accomplir des progrès décisifs pour la christianisation et se cristalliser les éléments constitutifs de la civilisation occidentale. S’est alors, en effet, opérée une synthèse entre « la nécessaire et logique acculturation des Barbares, la création et l’approfondissement d’un savoir chrétien […] et la diffusion de la foi catholique, par les missions et l’évangélisation » (p. 12). Pour en présenter les dynamiques et processus, le propos est articulé en trois temps : un large VII^e siècle, du pontificat de Grégoire le Grand (590-604) à la prise de pouvoir de Charles Martel dans la Gaule mérovingienne (chap. 1-3) ; les VIII^e et IX^e siècles, qui voient la dynastie carolingienne prendre en main les destinées de l’Église, aux dépens de l’indépendance de celle-ci, certes, mais au bénéfice de ses prétentions à l’universalisme (chap. 4-7) ; enfin, le X^e siècle et la première moitié du XI^e, marqués par l’alliance entre l’Église et le Saint-Empire en Germanie, mais aussi par des mutations politiques et socio-économiques qui préparent la véritable révolution intervenue dans les années 1050-1060 avec la mise en œuvre du programme de la Réforme grégorienne (chap. 8-10). Le premier volet s’ouvre avec un chapitre consacré à l’Église d’Italie, ce qui permet de dresser le bilan, au sortir de l’Antiquité, des défis qui se présentent au pontife romain et des relations de celui-ci avec l’autre tête du monde chrétien, Byzance. Sont ensuite présentées l’Espagne wisigothique et l’Angleterre, terreau d’une alliance forte entre l’Église et le pouvoir royal pour la première, terre de mission pour la seconde, puis l’espace franc à travers le rôle des évêques, la multiplication des monastères et les fonctions de la sainteté aristocratique. La seconde partie déroule le fil de l’histoire du vaste chantier de réforme de l’Église franque : à partir de 800, l’Église universelle (Ecclesia universalis) a vocation à se confondre avec l’Empire chrétien (Imperium christianum), en une dialectique entre le renouveau intellectuel, permis autant qu’incarné par l’action des conseillers du souverain comme du haut clergé, et les missions, voire les conquêtes — véritables guerres de conversion. Aux X^e-XI^e siècles, la papauté connaît une histoire mouvementée ; elle est contrôlée de près jusqu’aux années 1050 par la famille romaine des Théophylacte, ce qui ne l’empêche pas de préparer le terrain aux réformateurs. Le nouvel élan part du monde monastique, en particulier de Cluny. Ces deux principales lignes de faîte font l’objet du troisième volet, qui se clôt sur la présentation des nouveaux problèmes que doit désormais affronter l’Église de part et d’autre de l’An Mil, en une époque de crise des institutions publiques « qui est aussi, par bien des aspects, une crise de la société tout entière » (p. 241).

Points forts

• Les atouts — concision et efficacité — d’un manuel destiné aux étudiants, notamment dans l’optique des concours d’enseignement.

• L’insertion dans le corps du texte, afin d’éclairer le propos synthétique, de courtes mises au point thématique ou d’exemples de parcours biographiques. Ainsi, p. 172-173, Hincmar de Reims, « type le plus achevé de l’évêque carolingien » (p. 172) ; ou encore, p. 244-248, les évêques d’Arezzo aux X^e et XI^e siècles (p. 247 : « Clochemerle en Toscane : la custodia de la cathédrale »).

• Un tableau précis et nuancé de la papauté et de l’épiscopat au X^e siècle (chap. 8 et 10), époque moins bien connue et fréquentée des étudiants et des lecteurs, coincée entre le renouveau carolingien et la Réforme grégorienne.

L.V.