Sommaire

Résumé

Le présent ouvrage retrace l’histoire sociale et religieuse de six familles de nouveaux-chrétiens portugais sur une durée de deux siècles. Son étude s’inscrit à l’intérieur d’une aire géographique qui, depuis le centre de Porto, s’étend jusqu’au Brésil, à l’Italie et aux Pays-Bas. L’A. s’appuie sur une grande connaissance des archives inquisitoriales pour s’interroger sur la crise de la vision religieuse du monde qui s’annonce chez certains penseurs du XVII^e siècle. Ce faisant, il  reconstruit le contexte historique d’un des témoignages littéraires qui nous renseignent sur cette rupture : l’autobiographie Exemplar humanae vitae qu’Uriel da Costa, juif portugais d’Amsterdam, écrit en 1640 avant de se suicider.

L’A. revient ici sur l’histoire de ce personnage important en ce sens que sa rébellion constitue l’expression précoce d’un judaïsme moderne, voire d’une judéité dégagée de la religion, pour expliquer l’histoire des nouveaux-chrétiens en général. Le lecteur découvre le jeune Gabriel da Costa, alias Uriel da Costa, trésorier d’une église à Porto pendant les années 1610-1611 et adepte d’une variante du crypto-judaïsme qui florissait à Porto à ce même moment. En établissant la date de 1614 pour l’émigration d’Uriel, l’A. montre que celui-ci, homme d’affaires à Hambourg, a appartenu pendant deux ans au judaïsme rabbinique avant de manifester ses premiers signes de désaccord. L’A, en déduit que la révolte amorcée par Uriel da Costa en 1616 est sans antécédent dans son milieu immédiat et parmi ses ancêtres. Il souligne enfin, contre la teneur de l’autobiographie, la dimension sociale et historique du judaïsme uriélien et en même temps le caractère insolite de son déisme, qui demande une explication historique nouvelle.

Ces recherches s’étendent jusqu’à d’autres personnalités issues de la colonie nouvelle chrétienne de Porto telles que les poètes Henriques Garces et Duarte Dias, les jésuites Manuel Lopes et Henrique Henriques, les rabbins Immanuel Aboab et Isaac Mathatias Aboab, les fondateurs des deux premières synagogues amstellodamoises James Lopes da Costa et Francisco Mendes Medeiros entre autres.

• Domaine : Judaïsme

• Sous-domaine : Histoire des juifs hispaniques, Marranisme

• Profil : Ouvrage spécialisé

Points forts

Un travail généalogique approfondi et détaillé centré autour de Uriel da Costa. Au moyen d’une étude impressionnante qui retrace sur quatre ou cinq générations toutes les branches connaissables des deux ascendances d’Uriel da Costa et de quatre parentèles alliées, Révah s’interroge sur les conditions qui, au cours du XVI^e siècle, ont permis le maintien ou la reconstruction des traditions crypto-juives dans de nombreux lignages tout en interdisant leur transmission ailleurs.

Une œuvre monumentale et complète dont l’ampleur du champ, à la fois dans l’espace et dans le temps, reste sans égale dans l’étude de la diaspora judéo-portugaise à l’époque moderne.

Démarche méthodique et plurielle dans l’approche historique du personnage. L’A. ne se contente pas de la documentation inquisitoriale mais il explore les sources complémentaires : notariales, judiciaires, municipales, paroissiales, synagogales, littéraires et épigraphiques. La base de documents utilisés permet une recherche parallèle des parentés biologiques, des relations de voisinage, des activités économiques, des liens d’amitié et enfin des pratiques religieuses.

Mise évidence de la dimension religieuse de l’histoire des nouveaux-chrétiens, doublée d’analyses des différentes formes d’interaction et d’organisation qui sous-tendent le monde social.

Une réflexion lumineuse sur la transmission en monde marrane. Le cas des hétérodoxes de la communauté d’Amsterdam conduit à considérer les conditions complexes du passage entre deux milieux juifs, analogues dans leur organisation basée sur le réseau familial, mais assez différents quand à l’exercice de l’autorité religieuse et de la transmission des normes.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

G.G.