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L’au-delà et le Salut

Par Adam Claudine

Sommaire

Essai de définition

Le concept de salut implique en négatif ceux de péril, de souffrance, consécutifs à la nature des êtres ou du monde, ou bien conséquence de l’expiation d’une faute individuelle ou collective. Ce salut, obtenu individuellement ou par l’intermédiaire d’un sauveur, peut se trouver en ce monde ou en un autre, immatériel, où l’harmonie et la justice sont rétablies, et la souffrance et l’angoisse remplacées par une félicité éternelle. Chaque religion envisage à sa manière la façon d’obtenir le salut individuel, soit par la résurrection des morts, soit par la transmigration des âmes.

Typologie des saluts

Attention : Cette typologie prise au pied de la lettre peut être extrêmement réductrice ! Il y a plusieurs formes de Judaïsme, d’Islam, de Christianisme et de Bouddhisme, et les conditions du salut peuvent varier à l’intérieur d’une même religion ou se recouper d’une religion à l’autre !

Des félicités obtenues individuellement, après la mort, suite à un jugement

  • Égypte ancienne : Pour que le défunt connaisse la vie éternelle, il fallait, d’une part que son corps soit conservé momifié, d’autre part que l’âme passe devant le tribunal d’Osiris. Le cœur du défunt était pesé et devait être plus léger que la plume de Maat pour que le défunt continue à vivre dans le royaume d’Osiris. Un cœur léger était celui de l’homme qui avait fait du bien toute sa vie.
  • Crète : [Encyclopædia Universalis France, 2002, art. : « La religion grecque »]
    « Les Crétois admettent la survie […]. Les Grecs feront encore rois des Enfers deux Crétois, Minos et Rhadamante : il y a tout lieu de penser que la conception des Champs Élysées a son origine en Crète. Cette religion optimiste des Crétois, qui était d’une manière plus générale celle de tous les Anatoliens occupant la Grèce avant l’arrivée des Grecs, incluait la croyance en un au-delà que l’initiation aux mystères de la Grande Mère et le culte funéraire pouvaient transformer en un lieu de délices sans fin. »
  • Judaïsme : Avant l’Exil, les Hébreux ne croyaient pas en un salut, destin surnaturel. La mort amenait l’homme dans le Sheol, un lieu d’ombre où étaient rassemblés les morts silencieux et inconscients.
    Dans le Pentateuque, comme, pour ne prendre que cet exemple, dans l’histoire de Job, l’obéissance à la loi et la fidélité au Seigneur envers et contre tout ont pour récompense la seule prospérité terrestre et la paix. Pendant l’Exil, le salut c’est le retour sur la terre d’Israël. Les Juifs forment un peuple élu, le peuple de l’Alliance qui a un Dieu unique comme sauveur et législateur. Ce Dieu assure la conduite toute entière d’Israël en agissant parfois au moyen d'un guide comme Moïse; il juge sans être insensible aux plaidoyers d'intercesseurs, comme Abraham en faveur de Sodome.
    Du VIe au IIe siècles, et donc aussi pendant l’Exil, naît un double souci de jugement et de salut intemporel. On en trouve trace chez Daniel (12, 12). La résurrection est par ailleurs affirmée comme une croyance fondamentale dans la Michna, texte majeur du judaïsme rabbinique. Les réponses sont variables pour savoir où quand et comment cette résurrection a lieu. Peu à peu, en dépit des Sadducéens qui les nient, la croyance en un Jugement dernier et en l’immortalité de l’âme s’affirme. On en trouve aussi l’expression dans les écrits intertestamentaires, dont Hénoch (voir dans La Pléiade, La Bible, Écrits intertestamentaires p. 378, 470 et autres).
  • Islam (par la foi et les œuvres) : Les musulmans croient en un Jugement dernier suivi d’un paradis ou de l’enfer. Selon la croyance la plus répandue, au moment de la mort, le corps et l’âme de l’homme se séparent. Le corps tombe en poussière jusqu’à la résurrection qui le réunira à l’âme. Celle-ci rencontre Dieu qui la juge. Ses actes sont pesés sur une balance tandis que les anges en présentent la liste noire.
    Pour les musulmans la faute la plus grave est de contester le dogme de l’unicité divine. Le vol, le mensonge, l’attitude irrespectueuse vis-à-vis du Prophète, des parents, l’adultère sont de grandes fautes mais le repentir est essentiel. Le Dernier Jour les hommes ressuscités sont réunis devant Dieu pour entendre le récit de leurs œuvres et la sentence du Juge. Ils sont répartis en trois catégories : les meilleurs, les justes à qui le paradis est promis, et les mécréants et criminels plongés dans la géhenne.
    Notons qu’il n’y a pas la notion de péché originel.

Des félicités obtenues individuellement, après la mort, suite à un jugement, avec la médiation d’un sauveur

  • Christianisme : par la foi (et pour le catholicisme, aussi par les œuvres) cf. article « Salut, Sauveur », dans J. Potin et V. Zuber, Dictionnaire des Monothéismes, Bayard 2003.

Des félicités obtenues individuellement, par un travail sur soi, une ascèse et la méditation

  • Hindouisme : L’hindouisme est une religion sans dogme, sans texte sacré unique. Les hindous croient, selon le concept de « samsara », à un cycle de morts et de renaissances. La nature des renaissances dépend de l'état spirituel au moment de la mort. Pour se libérer de ce cycle, atteindre l'état de « moksha » (illumination), il faut un abandon de soi, des sens et des biens matériels. Plusieurs voies sont possibles : la voie de la sagesse (« jnana marga ») qui permet une vie de méditation ; la voie de l'action (« karma marga ») qui permet d'accomplir un devoir imposé ; la voie de la dévotion (« bhakti marga ») où l'on se donne à la divinité.
    Lorsqu'une personne atteint le « moksha » par l'une des trois voies, elle s'unit au Brahman. Le « moshka » est un état uniquement spirituel, toute matérialité est irréelle, mais les textes différent, certains décrivant cet état de manière quasi impersonnelle, d'autres comme une intimité avec Dieu.
  • Bouddhisme : Le bouddhisme, de l'Inde au Japon en passant par le Tibet et la Chine, a pris de multiples formes. On ne saurait les décrire en peu de mots, mais on peut néanmoins, sans beaucoup se tromper dire qu'en tous les cas, le bouddhisme se présente comme une doctrine du salut.
    Le salut prêché par Bouddha et/ou ses disciples se présente comme une voie pour se libérer du monde des désirs et de la souffrance. Bouddha est vraisemblablement né vers le milieu du VIe siècle avant l'ère chrétienne dans une région à 250 km au nord de Bénarès. Il se présente comme un maître à penser. Il mena une vie d'ascète pendant de nombreuses années, persuadé, comme telle était la croyance en Inde, que tous les êtres vivants transmigrent sans fin d'une existence à une autre, homme, animal, dieu,- les bienfaits ou les méfaits dont ils furent les acteurs dans une existence déterminant la pénibilité ou le bonheur dans l'existence suivante.
    Il n'en reste pas moins que toute existence est souffrance ou aboutit à la souffrance, même celle des dieux qui aura une fin. Se libérer de la souffrance, c'est aussi se libérer du cycle des transmigrations. C'est d'abord connaître l'origine de cette souffrance : celle-ci se trouve dans le désir et l'ignorance, sources de convoitises, de haine et d'erreur, les trois racines du mal, mères de tous les vices. L'idéal est de parvenir par l'ascèse et la méditation au détachement, « Nirvana », de ces trois racines et à l'Illumination. Les voies et les étapes pour y parvenir sont diverses. C'est alors la fin des transmigrations. Cette fin est-elle le néant ou un état absolument indéfinissable et tel qu'aucun terme ne peut le décrire ? La question divise les écoles et les spécialistes.

Textes de référence

  • Égypte : le mythe d’Osiris (Prières retrouvées dans une tombe)
  • Judaïsme : Du salut du peuple sur cette terre par fidélité au Seigneur (Ésaïe, 43, 11-15) au salut individuel des âmes. (Daniel, 12, 2) ; Exode, 14, 13-14.
  • Christianisme : La rupture : Genèse 3. Le salut messianique : Jean, 3, 16 ; Actes des apôtres, 3, 8-12 ; Épître aux Romains, 1, 17 ; Épître aux Philippiens, 3, 20 ; Épître à Tite, 3, 4-7 (le salut par la foi) ; Augustin, La cité de Dieu ; Canons du Concile de Trente ; M. Luther, La liberté du chrétien (le salut par la foi).
  • Islam : Pas de péché originel, Adam pardonné : Le Coran : II, 37 ; Résurrection : Le Coran LXXV et autres ; Le Jugement dernier : Le Coran II : 48 ; VII, 37-50 ; X, 28  etc. ; Élus et damnés selon Le Coran, la fin du monde et la rétribution des âmes, paradis et enfer: Le Coran : LV, 33 et sq. ; LVI ; LVII, 12-15
  • Bouddhisme : Livre des morts tibétain <http://agora.qc.ca/thematiques/mort/dossiers/livre_des_morts_tibetain_le>; Sûtra du lotus, etc.

Arts et littératures

Applications pédagogiques

Histoire

  • 6e : L’Orient ancien au IIIe millénaire avant J. C. (Mésopotamie ou Égypte).
  • 6e : Les débuts du judaïsme
  • 6e : Les débuts du christianisme
  • 6e : L’Inde classique aux IVe et Ve siècles
  • 5e : Les débuts de l’Islam

Philosophie

  • La religion

Bibliographie

Générale

  • J. Bersanis (dir), Encyclopédie des religions, éditions Universalis.
  • M. Blanc, Voyages en Enfer, de l’art paléochrétien à nos jours, Paris, Citadelle et Mazenod, 2004.
  • Y. Christe, Jugements derniers, Zodiaque, 1999
  • J. Delumeau, Le paradis, Fayard-La Martinière, 2001.
  • Encyclopaedia Universalis.
  • Encyclopédie de l’Islam, 12 vol. Leyde, Brill, 1960, en réédition.
  • J. et D. Jourdel, Dictionnaire historique de l'Islam, éditions Quadrige.
  • J.-Y. Lacoste, Dictionnaire critique de théologie, PUF, 1998.
  • G. Minois, Histoire de l'Enfer, QSJ, PUF, 1994.
  • J. Potin et V. Zuber (dir.), Dictionnaire des monothéismes, éditions Bayard, 2003.
  • P. Poupard (dir.), Dictionnaire des religions, PUF, 1996.

Fiches ouvrages

NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Au-delà
Domaines religieux : Généralités
Guide des ressources : Enseignement : Concepts

Référence du document

« Adam Claudine, L’au-delà et le Salut » , 2014 , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 21/12/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/fiches-pedagogiques/lau-dela-salut

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