Sommaire

Résumé

L’objet du livre est de mesurer le rôle qu’a eu Philippe II (qui règna entre 1556 et 1598) dans l’application de la Contre-Réforme en Espagne. Il s’agit de proposer une « vue d'ensemble et [de] définir le cadre politique dans lequel s'inscrivent les réformes religieuses pendant la deuxième moitié du xvi^e siècle » (p. 29). Le premier aspect de cette politique est le rôle que Philippe II a joué au concile de Trente : ayant personnellement choisi les évêques et les théologiens autorisés à s’y rendre, il a pu ainsi l’influencer. Le concile ayant défini un programme de réforme, l’A. examine ensuite comment le roi a décidé de le mettre en œuvre.

C’est d’abord à une mise au pas de l’ensemble du clergé séculier, par le biais des évêques qu’il choisit lui-même, qu’il s’attache. Le roi convoque lui-même les conciles provinciaux destinés à faire recevoir dans les provinces l’œuvre de Contre-Réforme, en n’hésitant pas à favoriser l’emprisonnement du primat d’Espagne, l’archevêque de Tolède Carranza. Philippe II rappelle ainsi que l’autorité suprême dans l’Église espagnole est l’Inquisition (contrôlée par le pouvoir royal). Il fait montre de son investissement personnel dans la propagation de la Contre-Réforme en Espagne et de sa volonté d’en diriger l’application.

Soucieux de soutenir la remise en valeur du pouvoir épiscopal tant que les évêques partageaient ses vues, le roi les aida dans leur lutte contre les chapitres cathédraux qui voulaient participer à l’administration des diocèses. Ces chapitres cherchèrent alors le soutien du Saint-Siège et réclamèrent sa protection : les prétentions de Philippe II se heurtèrent une fois encore à la volonté romaine d’être la seule tête des Églises locales.

Le roi s’investit également auprès des clercs réguliers qui, par le privilège de l’exemption, n’étaient pas directement soumis à l’évêque. Il soutint les réformes morales et spirituelles qui étaient engagées dans les monastères. Les interventions de l’autorité romaine qui jugeait que le pouvoir civil n’avait pas à s’occuper des affaires purement ecclésiales aboutirent à la mise en place d’une relation triangulaire : les pouvoirs « locaux » (évêques, chapitres ou ordres religieux) furent finalement pris en tenailles entre le pouvoir royal et le pouvoir romain ce qui les empêcha d’acquérir une véritable autonomie.

Les points forts

Le refus de réduire la Contre-Réforme à un ensemble de croyances et de pratiques imposées à des populations dociles et la volonté de remettre en valeur les implications politiques de cette page d’histoire religieuse.

L’utilisation de sources d’archives vaticanes et espagnoles ce qui permet de confronter les dynamiques de pouvoir et leurs oppositions.

L’articulation entre l’analyse se plaçant du côté des centralités (le roi et Rome) et la présentation des particularités locales qui témoignent des adhésions et des résistances.

L’utilisation par Philippe II des rouages de l’Inquisition, qui est sous contrôle royal, pour se présenter comme le principal acteur de la Contre Réforme.

• Domaine : christianisme.

• Sous-domaines : Catholicisme. Clergé. Ordres religieux. Renaissance. Réforme et Contre-Réforme. Relations avec les pouvoirs publics. Vie politique.

• Profil : ouvrage spécialisé.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

C.M.