Sommaire

Résumé

Alors que le christianisme primitif entendait rompre avec la sacralité incarnée dans la pierre au profit de la Cité de Dieu dans l’au-delà et de l’édification de chacun des croyants, « pierres vivantes », en « maison spirituelle »  (I Pierre 2,5), la période médiévale a été le cadre d’une exaltation monumentale progressive qui a vu l’église s’imposer comme une composante nécessaire de la définition même de la communauté chrétienne. C’est cette mutation, aux conséquences séculaires, que l’auteur entend scruter. Son enquête participe aussi à l’écriture d’une histoire du rapport de l’homme à l’espace en Occident, du point de vue du paysage et plus encore de celui de la formation de la notion de territoire. L’enjeu est en effet de cerner comment les structures ecclésiales ont participé à la fixation, à l’encadrement et au contrôle des populations sur des espaces délimités comme champ d’exercice du pouvoir. La première partie, intitulée « Préludes », pose les « fondements d’une sacralité chrétienne (v. 300 – v. 800) » en un chapitre unique, jusqu’à l’époque carolingienne. Celle-ci fait l’objet d’un second volet (« Constructions ecclésiales carolingiennes ») abordant successivement, sous des angles différents, le souverain (chap. 2), la papauté (chap. 3), l’évêque (chap. 4) et les codifications liturgiques et exégétique (chap. 5) qui ont débouché sur l’apparition d’une « première territorialité chrétienne » (p. 309). C’est cependant aux XI^e-XII^e siècles que le processus parvint à maturité, nourri tout à la fois par l’élan bâtisseur roman, les efforts de réforme de l’Église, l’affirmation du pouvoir pontifical, les controverses sur l’eucharistie et la lutte contre l’hérésie. La troisième partie de l’ouvrage (« L’institution ecclésiale et son cadre monumental ») rend compte en quatre chapitres (VI-IX) de ces convergences complexes de phénomènes inscrits dans la pierre des églises-monuments, dont le rituel de consécration devint le plus fastueux de la liturgie latine puisqu’il était désormais conçu comme un véritable baptême de l’édifice. Celui-ci devenait alors bien plus qu’un simple lieu : pour être de l’Église, il fallait être dans l’église, là où s’accomplissaient les sacrements qui engendraient la communauté chrétienne, en particulier l’eucharistie. Le dernier volet de l’enquête (« Résistances », chap. X-XII) vise à nuancer l’impression d’univocité que l’on peut ressentir devant une telle construction idéologique séculaire, en analysant notamment la dialectique personne / communauté qui a permis de faire de l’église, en quelque sorte, « la scène » d’une véritable « Cène sociale » (p. 607-609).

Points forts

• L’analyse des origines d’un phénomène simple et familier, « la présence structurante de l’église dans notre horizon et dans notre paysage affectif » (p. 608-609).

• La pédagogie de l’approche, puisque la construction de l’ouvrage permet au lecteur d’en parcourir les grandes thèses en se concentrant sur quelques passages-charnières indiqués par le « guide de lecture » (p. 24).

• En ouverture et surtout dans « l’Épilogue » (p. 607-612), une analyse synthétique du Triptyque des sept sacrements de Roger Van der Weyden (vers 1440-1444), œuvre qui synthétise la « pétrification ecclésiale » (p. 609) au cœur de la démonstration.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

LV