Sommaire

Résumé

Dans une introduction soulignant combien le merveilleux est aujourd’hui solidement arrimé au territoire de l’historien, l’A. insiste sur le « processus d’endiguement » (p. 14) entamé à la fin du XII^e siècle. Miracles et merveilles furent désormais distingués, les premiers renvoyant à la toute-puissance divine tandis que les secondes apparaissaient extraordinaires seulement parce qu’elles étaient encore inexpliquées. Au cours de la même période, toutefois, les phénomènes mystiques ainsi que les visions et révélations occupèrent une place croissante dans un monde désormais envahi par la présence du diable et une interprétation apocalyptique des événements historiques. La première partie de l’ouvrage, consacrée à « la sainteté comme pouvoir », s’ouvre sur deux mises au point générales sur la sainteté et le miracle. L’A. souligne le contrôle croissant exercé par la papauté, à partir du XII^e siècle, sur le culte des saints, notamment grâce à la mise en place de la procédure de canonisation, qui fut l’instrument d’un renouvellement du sanctoral. Il convient toutefois de nuancer l’opposition entre une sainteté « admirable », celle du haut Moyen Âge, et une sainteté « imitable », celle des XII^e-XV^e siècles : la nécessaire conjonction de l’héroïcité et de l’exemplarité était constitutive du genre hagiographique (chap. 3). Les derniers siècles de la période médiévale n’en présentent pas moins de fortes spécificités, parmi lesquelles la rupture du lien entre sainteté et lignages aristocratiques (chap. 4) ainsi qu’un processus de substitution des images aux reliques, les premières, désormais capables d’animation, tendant à accaparer les fonctions surnaturelles des secondes (chap. 5). Dans la seconde partie du livre, qui aborde les problèmes liés à la prophétie et à l’eschatologie, l’A. cherche d’abord à mieux cerner la part des composantes eschatologiques dans la première croisade (chap. 6), puis déroule deux panoramas clairs et stimulants des XII^e-XV^e siècles (chap. 7-8), période dont Jean de Roquetaillade, mort peu avant 1370, fut l’un des principaux acteurs (chap. 9). Avec ce franciscain, le lecteur est en fait déjà entré dans la troisième partie de l’ouvrage, qui s’attache à montrer quels usages les pouvoirs ont pu faire de la sainteté et de la prophétie. L’une et l’autre ont servi des stratégies de légitimation, d’un souverain comme le duc de Bretagne Charles de Blois (chap. 10) ou d’un ordre religieux comme les Dominicains (chap. 13). Elles ont aussi constitué des armes de combat, comme les Révélations de Brigitte de Suède dans le contexte du Grand Schisme (chap. 11) ou la Vie de Marie d’Oignies dans celui de la lutte contre les Cathares (chap. 12). Chez les théologiens et les autorités romaines de la fin du Moyen Âge grandit ainsi la méfiance à l’égard de la prophétie et des mystiques féminines, mais aussi d’une sainteté populaire parfois perçue comme diabolique (chap. 14-15).

• Domaine : christianisme

• Sous-domaines : Catholicisme. Moyen Âge. Images et représentations. Littérature. Clergé. Ordres religieux. Représentations collectives et mentalités. Pratiques religieuses. Croyances. Théologie. Liturgie. Anthropologie.

• Profil : Ouvrage spécialisé

Points forts

• Une démonstration permanente que le prodige de la fin du Moyen Âge constitue un objet d’étude dont la grille d’interprétation est tout à la fois religieuse, politique et sociale.

• Des analyses centrées sur des textes, mais ouvertes à un comparatisme raisonnable avec les mondes byzantin, musulman et juif (pp. 20-23, 121-122) ; la mise en valeur d’un « véritable modèle anthropologique fonctionnel » (p. 27) traversant les siècles jusqu’à l’époque moderne, voire contemporaine (pp. 37-38).

Utilisation possible dans les programmes scolaires