Sommaire

Résumé

Cet ouvrage n’est pas un manuel ou une synthèse d’ensemble, mais une série de dossiers visant à mettre en exergue les fonctions de la liturgie dans la société médiévale et ses interactions avec d’autres secteurs. Le mot “ liturgie ”, absent des textes de l’époque, est utilisé à partir du XVI^e siècle pour désigner la messe. C’est par celle-ci que s’ouvre le livre, avec un chapitre sur “ la messe dans la société médiévale ” qui permet en particulier de montrer combien la liturgie, même dans le cas d’un canon fixé pour l’essentiel dès le très haut Moyen Âge, fut vivante et évolutive. Ainsi l’élévation de l’hostie consacrée lors de l’Eucharistie, officiellement adoptée par l’Église au début du XIII^e siècle afin d’affirmer la Présence réelle, fut-elle victime de son succès, entre la dévotion obsessionnelle de certains fidèles et l’abus de pouvoir symbolique de certains prêtres. Cela déboucha sur l’instauration de la fête du Corpus Christi, devenue la Fête-Dieu, ainsi que de nouvelles pratiques de piété eucharistique comme l’exposition permanente du Saint-Sacrement dans l’église (p. 27-29). “ La liturgie des sacrements ” (chapitre II) aborde ensuite le baptême, le mariage — dont la ritualisation sacramentelle tardive ne fit pas disparaître la dimension sociale héritée de l’Antiquité — et les ordinations, tandis que le chapitre III (“ Les rites autres que les sacrements ”) focalise l’analyse sur la procession et la dédicace d’église. Six autres chapitres déclinent ensuite les rapports que l’on peut distinguer entre la liturgie d’une part, les fidèles — notamment les femmes (p. 92-97) —, le temps, l’espace, les images, les saints et le politique d’autre part.

• Domaine : christianisme
• Sous-domaines : Catholicisme. Moyen Âge. Images et représentations. Espace et territoires. Clergé. Représentations collectives et mentalités. Pratiques religieuses. Croyances. Liturgie. Théologie.
• Profil : Ouvrage spécialisé

Points forts

• Du point de vue de la démarche méthodologique, la volonté de ne pas laisser l’histoire de la liturgie à un rôle de  « pourvoyeur de matériaux historiques  mis au service de “l’aggiornamento” de l’histoire de l’Église aujourd’hui » (p. 216) — c’est-à-dire depuis Vatican II — mais de l’intégrer au champ de l’anthropologie historique. Cela se justifie d’autant plus que bien des héritages ont encore un rôle structurant dans notre monde contemporain.

• D’une façon générale, des analyses et des exemples qui montrent comment la liturgie fut un ciment de la société médiévale, jouant un double rôle d’unification et de régulation, mais également comment elle a débordé le cadre de la liturgie officielle de l’Église pour se trouver “ aussi là où l’on ne l’attendait pas ” (p. 216).

• Dans une optique plus spécialisée, le rappel que la « réforme grégorienne » a bien moins influencé la liturgie de façon directe et immédiate que par le biais des clivages idéologiques qu’elle a entraînés aux XII^e-XIII^e siècles et qui ont suscité l’aménagement de certains rituels. En témoigne l’appropriation par la royauté du rituel du sacre, devenu distinct de la liturgie ecclésiastique du couronnement des souverains, dans le cadre d’un ensemble de rites ayant servi la construction de l’État moderne à la fin du Moyen Âge et sous l’Ancien Régime.

Utilisation possible dans les programmes scolaires