Sommaire
Résumé
Après une définition rapide de la prière comme un “ acte de langage pouvant cumuler plusieurs fonctions ”, la première partie (“ La prière des saints moines, XIe-XIIe siècles ”) rappelle combien le christianisme a valorisé dès ses origines l’oraison continue. Clairement formulée dans les enseignements de Jésus, la prière perpétuelle est, sous la plume des Pères de l’Église, invitation à l’intériorité et revêt dans les milieux monastiques une signification particulière : d’une recherche individuelle de perfection elle devient collective, se transforme en pivot de l’ordre social dès l’époque carolingienne. Si, en proposant un ordonnancement du monde et en fonctionnant comme un instrument de cohésion sociale, la prière des grands monastères est nécessaire, elle devient réellement efficace avec les premiers abbés clunisiens (chap. II). La prière solitaire du moine orant, en aidant les autres membres de Clunyet l’ensemble des Chrétiens à accéder au salut, devient thaumaturge et place Cluny “ non seulement comme projet eschatologique et social, mais aussi comme espace de sacralité privilégié ” (p. 87). La prière monastique dans les milieux influencés par Anselme de Canterbury et Bernard de Clairvaux (chap. III) ou inspirés d’un idéal érémitique (chap. IV) enregistre, aux XIe et XIIe siècles, une évolution importante : la liturgie de l’intercession et le salut des “ amis ” ne revêtent plus autant d’importance que par le passé et certains ordres nouveaux comme celui des Chartreux choisissent de faire passer la pénitence individuelle avant la prise en charge des autres par la prière. La seconde partie (“ Predicatione venerabilis viri : prédication et sainteté ”) s’attache à montrer combien la prise de parole présente, dans les milieux monastiques et érémitiques, des caractéristiques communes : la prédication est moyen de contrôle et d’éducation d’une communauté sûre du rôle qu’elle doit jouer dans l’économie générale du salut (chap. I) et dans la prise en charge des chrétiens par la pastorale. La prédication est aussi l’affaire d’ermites prédicateurs qui s’engagent dans le siècle, légitimés par l’ascèse et la retraite au désert (chap. II). Pour autant, il n’existe pas deux modèles distincts de prêche et, entre l’exhortation et la prière, les clercs doivent choisir. Cette préférence se retrouve dans les “ prières et paroles de la mort ”, qui font l’objet d’une dernière partie. Trois chapitres permettent de montrer comment, dans l’hagiographie monastique des XIe et XIIe siècles, la mort conforte et légitime un parcours dans un discours qui échappe à la nature liturgique (chap. I) ; comment, chez les Clunisiens, elle se teinte de prières justificatrices et reflète une liturgie quotidienne de l’intercession (chap. II) ; comment, enfin, les ermites italiens du XIe siècle proposent “ un choix varié de morts alternatives ” en mourant en Père du désert, modèle où le verbe efficace, s’il est encore constitutif de la “ bonne mort ”, a changé de nature.
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Domaine : christianisme
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Sous-domaines : Catholicisme. Moyen Âge. Littérature. Bible. Clergé. Ordres religieux. Représentations collectives et mentalités. Pratiques religieuses. Croyances. Théologie. Exégèse. Liturgie. Anthropologie.
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Profil : Ouvrage spécialisé
Points forts
L’A. propose une vision synthétique et érudite des éléments structurant le rapport entre l’homme et le sacré au Moyen Âge “ central ” : l’hagiographie, les idéologies monastiques, la prière, la parole, qui relèvent des concepts constitutifs du christianisme. Il montre comment le verbe saint (Verbum Dei), au cours des XIe et XIIe siècles, est mis au service d’une morale par les clercs, dans le contexte de la réforme grégorienne et d’un encadrement croissant des laïcs.
Une étude qui peut être replacée dans la thématique générale du pouvoir de la parole étudiée par les linguistes et anthropologues (“ quand dire, c’est faire ”…).
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thème |
Cinquième |
Histoire |
L’Église en tant qu’acteur essentiel de la Chrétienté occidentale médiévale (Moyen Âge) |
Seconde |
Histoire |
La Méditerranée au XIIe siècle, carrefour de trois civilisations : Islam, Chrétienté occidentale, Empire byzantin (Moyen Âge) |
Seconde |
Espagnol |
Création : la vie spirituelle |
Première |
Espagnol |
Rôle politique et éducatif de l’Église |
Terminale |
Espagnol |
Facteurs de cohésion : la religion catholique |
Terminale |
Philosophie |
Augustin |
Domaines religieux : Christianisme : Rites et pratiques : Clergé, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Origines et corpus : Bible, Christianisme : Période : Moyen Age, Christianisme : Rites et pratiques : Liturgie, Christianisme : Origines et corpus, Christianisme : Rites et pratiques, Christianisme, Christianisme : Arts : Littérature, Christianisme : Origines et corpus : Théologie, Christianisme : Politique et société : Relations avec l’État, Christianisme : Rites et pratiques : Monachisme
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Henriet Patrick, HENRIET Patrick, La parole et la prière au Moyen Âge. Le verbe efficace dans l’hagiographie monastique des XIe-XIIe siècles, Bruxelles, De Boeck, “ Bibliothèque d’histoire du Moyen Âge ”, 2000, 477 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/henriet-patrick-parole-priere-au-moyen-age-verbe