Sommaire

Résumé

L’introduction permet à l’A. de rappeler le positionnement du rigorisme et de l’excès symétrique, le laxisme, dans la théologie morale. « Placé dans une situation où il n’est pas sûr que la loi morale oblige mais pas sûr non plus qu’elle n’oblige pas (…), l’homme est confronté à la nécessité pratique de faire un choix pour déterminer le cours de son action. Le laxisme le dispense de la loi sur la moindre probabilité (…) qu’elle n’oblige pas en l’espèce, le rigorisme l’astreint à toujours suivre la loi (…) tant que le contraire n’est pas absolument certain » (p. 10-11). Cette définition pédagogique ne doit cependant pas enfermer la complexité du réel historique dans des cadres aussi stricts : l’A. remarque que les partisans du rigorisme refusent tous cette qualification pour justifier leurs positions morales par la fidélité aux mœurs anciennes de l’Église. Après un survol historique des modalités de la pénitence et de la rigueur chrétienne de l’Antiquité au xv^e siècle, l’A. présente le débat tel qu’il se pose « du concile de Trente à l’apogée du probabilisme (vers 1550-vers 1650) » (p. 45-70). Les notions de confessionnalisation et de mise en ordre sociale (Sozialdisziplinierung) sont mises à profit pour étudier le succès d’une « conception psychologique du sacrement » de la confession (p. 46) qui cherche à faire intérioriser par les individus les normes sociales et religieuses. Dans ce cadre, la casuistique connaît un succès européen et, d’après l’A., cette époque est également celle du probabilisme et de la constitution de la théologie morale comme science autonome. Réponse à un monde de plus en plus complexe et qui pose des questions morales inconnues jusqu’alors, « le probabilisme exprime la nouvelle valorisation de la liberté et de la raison humaines » (p. 58). Il ne s’agit pas d’une exaltation de la liberté de conscience telle que nous l’entendons mais d’une pensée pastorale qui donne au clerc aux clercs le rôle de régler la vie morale des individus. Ce n’est que lorsque la querelle janséniste se greffe sur le débat de théologie morale grâce au succès des Provinciales de Pascal (1656-1657) que le probabilisme voit son succès menacé. Allié à une volonté de retrouver la véritable pénitence antique, le rigorisme se traduit pastoralement par un éloge de la privation de la communion et du délai d’absolution pour ceux qui retombent dans leurs fautes. Enfin, dans un dernier chapitre, l’A. examine les équivalents du rigorisme dans les grandes confessions protestantes qui ont pour caractéristiques d’avoir, pour la plupart, renoncé à la pratique de la confession auriculaire. La conclusion rappelle que « le rigorisme catholique (…) est mort avec l’Ancien Régime européen ou, plus précisément, quand la majorité du clergé eut fini par comprendre que l’Ancien Régime ne ressusciterait pas, qu’on ne pouvait plus compter sur l’État pour supprimer les bals et que la pression sociale ne poussait plus à faire ses pâques comme tout le monde » (p. 152).

• Domaine : christianisme.

• Sous-domaines : Généralités. Catholicisme. Protestantisme. Anglicanisme. Clergé. Croyances. Renaissance. Réforme et Contre-Réforme. Lumières. Théologie.

• Profil : Ouvrage spécialisé.

Les points forts

• La volonté de lire la théologie comme une source sur les conceptions que les sociétés de cette époque avaient d’elles-mêmes. L’A. peut ainsi restituer toute la complexité du débat de théologie morale étudié tout en montrant clairement les liens que ce dernier entretient avec l’évolution des sociétés.
• La précision avec laquelle l’A. comprend les différences de sensibilité théologique entre partisans et adversaires du rigorisme.
• Le cadre européen dans lequel l’A. analyse son propos.
• L’A. met à la disposition du public une synthèse faite à partir de sources difficilement accessibles à l’homme cultivé d’aujourd’hui puisqu’elles sont pour la plupart rédigées en latin avec de nombreux termes techniques.
• La bibliographie thématique qui contient aussi des ouvrages en langues étrangères.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

C.M.