Sommaire
Résumé
Empruntant à l’anthropologie des modèles d’interprétation susceptibles de l’aider à se “ défaire des continuités apparentes ”, l’A. entend analyser les pratiques rituelles et les représentations sociales de l’Occident médiéval. Quatre grands thèmes sont abordés : les croyances et les rites, la tradition folklorique et la culture savante, le sujet et ses rêves, le corps et le temps. La première partie, consacrée aux croyances et aux rites, s’articule autour de la question religieuse et pose le problème d’une “ histoire religieuse du Moyen Âge ” (p. 31). En mettant en garde contre l’usage de certains concepts qui lui paraissent inadaptés pour comprendre une société qu’il tient à distance — la “ religion ”, invention récente —, il aborde successivement les notions de sacré, de mythe et de croyance dans l’histoire du christianisme occidental (chap. I). L’analyse des modalités du croire met en évidence le rôle déterminant du clergé dans la “ définition des objets de croyance (christianisme) ”, l’obligation de croire (l’orthodoxie) et la pédagogie de la croyance (l’apostolat). Productrice et sujet de croyance, l’Église enrichit la culture médiévale d’un canon de la croyance, d’une “ théorie de la croyance, et même d’une théorie du “faire croire” ” (p. 97). Si au XIIIe siècle apparaît une nouvelle prédication destinée aux laïcs — celle des Mendiants —, se généralise l’enseignement du Credo aux jeunes enfants et aux adultes et se crée un habitus social par la participation du plus grand nombre aux rites et aux gestes de la “ vraie croyance ”, la culture cléricale, largement dominante, reste néanmoins interdite aux plus simples. Une fois présentés les exempla (voir exemplum) à partir desquels il travaille, J-C. S. propose d’analyser la relation complexe et les implications idéologiques qui existent entre “ traditions folkloriques et culture savante ” (chap. II). Dès le XIIe siècle, l’Église, qui éprouve le besoin de s’adapter aux transformations de la société, réprime ou au contraire assimile des pans entiers de la culture folklorique : la culture orale devient le réceptacle de la vulgarisation des concepts fondamentaux de la culture ecclésiale et se modifie à son contact. L’A., après avoir défini la notion d’ “ individu ”, interroge des conceptions irréductibles aux nôtres, l’homme sujet, ses rêves, le corps, le temps, qui le conduisent à élaborer les fondements possibles d’une “ anthropologie médiévale ”. Trois articles (chap. III) montrent comment, au XIIe siècle, émergent la conscience de soi, l’intériorisation de la vie morale, les mutations de l’affectivité et de la spiritualité. Cinq autres (chap. IV) permettent enfin d’évoquer la maladie, les rapports d’exclusion, de complémentarité et de succession dans une société dominée, entre IVe et XVe siècles, par les représentations religieuses du monde. Ces représentations s’expriment également dans le récit et la conception du temps de l’Église, ce temps des morts, du merveilleux, de l’interdit, de l’ici-bas et de l’au-delà, qui n’est pas toujours compatible avec la dimension eschatologique du temps chrétien.
- Domaine : christianisme
- Sous-domaines : Catholicisme. Moyen Âge. Renaissance. Images et représentations. Littérature. Clergé. Représentations collectives et mentalités. Pratiques religieuses. Croyances. Théologie. Exégèse. Liturgie. Anthropologie.
- Profil : Ouvrage spécialisé
Points forts
Ces articles traduisent une certaine manière de faire et de penser l’histoire, caractérisée par l’ouverture aux autres sciences sociales, par un dialogue entre passé et présent et par la mise à distance de la période étudiée.
En retraçant l’évolution des repères lexicaux qu’il emploie (la religion, l’individu, le temps…) et en faisant appel à un comparatisme anthropologique et historique nécessaire, J.-C. S. propose une définition minutieuse et exemplaire des concepts qu’il manipule (p. 129, 212) et saisit ainsi leur relativité historique.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thème |
Primaire |
L’Europe des abbayes et des cathédrales (Moyen Âge) |
|
Cinquième |
Histoire |
L’Église en tant qu’acteur essentiel de la Chrétienté occidentale médiévale (Moyen Âge) |
Troisième |
Anglais |
Vocabulaire ayant trait à la vie religieuse |
Seconde |
Histoire |
La Méditerranée au XIIe siècle, carrefour de trois civilisations : Islam, Chrétienté occidentale, Empire byzantin (Moyen Âge) |
Terminale |
Espagnol |
Facteurs de cohésion : la religion catholique |
Terminale |
Philosophie |
Thomas d’Aquin |
Domaines religieux : Christianisme, Christianisme : Période : Renaissance, Christianisme : Période : Moyen Age, Christianisme : Origines et corpus : Théologie, Christianisme : Rites et pratiques : Liturgie, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Arts : Littérature, Christianisme : Origines et corpus, Christianisme : Rites et pratiques : Clergé, Christianisme : Rites et pratiques
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Schmitt Jean-Claude, SCHMITT Jean-Claude, Le corps, les rites, les rêves, le temps. Essais d’anthropologie médiévale, Paris, Gallimard, “ Bibliothèque des Histoires ”, 2001, 446 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/schmitt-jean-claude-corps-rites-reves-temps-essais