Bibliographie, index des noms de personnes.
Sommaire
Résumé
L’A. se propose d’analyser les liens qui unissent la conscience nationale et le sentiment religieux dans le gallicanisme du xvie siècle.
La première partie présente la conscience qu’ont alors les Français d’être un « peuple élu » (p. 27-162). Cette conviction repose sur une analyse de l’histoire de France comme une histoire sainte, témoignant de l’alliance particulière qui aurait existé entre Dieu et le peuple français. En guise de preuves pour appuyer cette conviction, les hommes du temps mettent en avant la prétendue fondation apostolique d’une grande partie des diocèses français et le fait que seule la France aurait ignoré l’implantation profonde des hérésies. Le catholicisme français devient alors la meilleure voie imaginable pour la chrétienté. Mais ce système mythologique ne résiste pas tout à fait à un double assaut. Le processus de confessionnalisation qui caractérise le royaume au cours du xvie siècle empêche de croire trop fort à la « pureté » de la foi française. Par ailleurs, les progrès de la critique historique mettent à mal nombre de croyances en l’apostolicité des premiers saints français (l’assimilation de plus en plus difficile de saint Denys à Denys l’Aréopagite en est l’exemple le plus connu). L’A. présente ensuite la place de la royauté dans la pensée religieuse gallicane. Responsable de la réforme de l’Église autant que de la concorde du royaume, le roi doit être profondément religieux. Enfin, l’A. s’intéresse à la pensée ecclésiologique des gallicans. Développant une théorie du pouvoir pontifical limité, ils sont partisans d’une réforme nationale.
La deuxième partie de l’ouvrage présente le positionnement revendiqué par les gallicans au sein de la chrétienté. Le royaume a suivi une voie idiosyncrasique par rapport aux autres composantes de la chrétienté latine et cela conduit les penseurs à développer une théorie des autres voies possibles telles qu’elles existent dans l’Europe du temps. Ainsi, l’A. analyse les évolutions de l’image de Venise en France. Alors qu’elle était auparavant une ennemie certaine, lieu de débauche et d’immoralité, peu à peu au cours du xvie siècle, apparaît une conscience des affinités entre elle et le royaume très-chrétien. En effet, cette cité cherche à conserver farouchement son indépendance par rapport à Rome, ce qui fait d’elle une « Église sœur » (p. 165). À l’inverse, les modèles anglicans et espagnols font figure de repoussoirs. Entre la voie d’une Église d’État qui perd toute autonomie par rapport au politique et celle d’une Église composée de descendants de mauresques (conversos) et de juifs (marranes) qui pratique une orthodoxie de façade, les gallicans refusent de voir autre chose que des déviations par rapport au christianisme. Enfin, l’A. analyse les rapports complexes qui unissent les gallicans au centre romain. Bien que désireux de conserver leur liberté par rapport aux ingérences pontificales dans les affaires internes de l’Église, ils se reconnaissent les enfants de l’Église de Rome, comme le résume la formule de Pierre de l’Estoile : « Quand mesmes elle seroit putain, encores seroit-ce ma mère » (p. 237).
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Domaine : christianisme.
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Sous-domaines : Catholicisme. Représentations collectives et mentalités. Croyances. Renaissance. Humanisme chrétien. Réforme et Contre-Réforme. Relations avec les pouvoirs publics. Vie politique.
- Profil : Ouvrage spécialisé.
Points forts
- Une analyse serrée d’une étape importante de la constitution de « l’identité de la France », cherchant à interroger « un passé qui n’est ni un modèle, ni un repoussoir, mais tout simplement autre » (p. 2).
- L’histoire de la perception des autres histoires nationales en France permet de comprendre la spécificité de la conscience nationale française en mettant en évidence l’une de ses dimensions, qui est son positionnement par rapport à l’altérité.
- Le positionnement de l’A. au niveau de l’histoire des mentalités et de l’analyse des mythes se fait avec une grande rigueur attentive aux inflexions chronologiques au cours de la période étudiée.
- La mobilisation des analyses d’histoire politique et diplomatique aussi bien que des analyses plus strictement religieuses permet d’élargir le point de vue et de comprendre la spécificité de l’imbrication de ces différentes sphères au xvie siècle.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thème |
Cinquième |
Histoire |
Les Réformes protestantes et catholiques |
Quatrième |
Histoire |
Les divisions de l'Europe chrétienne entre catholiques et protestants (XVIIe siècle). |
Seconde |
Histoire |
Humanisme et Renaissance : Réformes protestantes et catholiques. |
C.M.
Domaines religieux : Europe et religions : France, Christianisme, Christianisme : Période : Renaissance, Christianisme : Politique et société, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Période : Humanisme chrétien, Christianisme : Période : Réforme et Contre-Réforme, Christianisme : Politique et société : Relations avec l’État
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Tallon Alain, TALLON Alain, Conscience nationale et sentiment religieux en France au XVIe siècle, essai sur la vision gallicane du monde., Paris, P.U.F., Le nœud gordien, 2002, 315 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/tallon-alain-conscience-nationale-sentiment