Histoires.Bibliographie.
Sommaire
Résumé
Le livre se propose d’étudier le destin des « catholiques critiques » durant les deux premiers siècles de l’époque moderne. L’A. commence par donner les définir : soucieux de rester fidèles à l’Église traditionnelle, ils se caractérisent également par une attitude critique à son endroit, que ce soit d’un point de vue disciplinaire (appels à réformer l’Église dans le respect de la hiérarchie à qui revient la décision) ou dogmatique. La figure tutélaire de cette attitude de fidélité critique se trouve en Érasme. Après avoir rappelé les différentes formes prises par les appels à la réforme de l’Église catholique et mis en valeur la volonté de refuser le processus de confessionnalisation qui anime les catholiques critiques, l’auteur analyse plus particulièrement la manière qu’ils eurent de se situer par rapport au concile de Trente. Particulièrement préjudiciable à leurs yeux est la manière que le concile eut, in fine, de favoriser la « tyrannie » romaine qui se manifeste par l’exigence de soumission absolue dans le domaine rituel et dogmatique tel qu’il est exprimé dans la profession de foi de Pie IV. Le culte des saints, le refus intransigeant du salut par la seule foi, l’insistance exclusive, en théologie sacramentaire, sur le caractère sacrificiel de la messe, sont devenus les signes d’une évolution vers « une orthodoxie toujours mieux verrouillée » et, « dans un tel contexte, les catholiques critiques ne peuvent réagir qu’en invoquant (…) le sens du mystère, ultime expression autorisée au sein du catholicisme tridentin et post-tridentin de l’abandon à la pure grâce » (p. 110). Ce sens du mystère se traduit dans la liturgie : les catholiques critiques souhaiteraient voir la liturgie devenir plus « participative » (p. 142) laissant place à l’usage du vernaculaire et à la communion au calice pour les fidèles. Les programmes de réforme liturgiques d’Étienne de la Boëtie et de Jean de Monluc sont présentés en détail puis l’A. examine la messe réformée par Pie V, en 1570, et souligne à quel point cette réforme fut conservatrice. Le dernier chapitre, « Vers l’hérésie » (pp. 177-213) examine les destinées des catholiques critiques au xviie siècle : jansénisme et rigorisme sont alors analysés comme les expressions d’une attitude fondamentalement critique vis-à-vis des évolutions de l’Église et une volonté de dépasser la réforme tridentine et romaine pour retrouver l’Église des premiers temps et sa discipline. En conclusion, l’A. rappelle la difficulté qu’il y a pour les catholiques à adopter une attitude de fidélité critique et ce jusqu’à nos jours.
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Domaine : christianisme.
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Sous-domaine : Catholicisme. Humanisme chrétien. Réforme et Contre-Réforme. Croyances. Liturgie. Théologie.
- Profil : Ouvrage spécialisé
Les points forts
- L’attention extrême à la chronologie y compris dans le domaine de l’histoire des croyances et des dogmes : l’A. restitue ainsi avec justesse la progressive mise en place d’une orthodoxie (surtout p. 80-110) et évite de projeter sur la situation « prétridentine » (mot dont l’usage est à heureusement critiqué p. 28-29) les développements postérieurs au concile de Trente et au succès du tridentinisme.
- Le choix des limites chronologiques : en étudiant le premier jansénisme comme un développement du catholicisme critique, l’A. met en valeur les limites d’une coupure traditionnelle dans l’historiographie religieuse et qui fait de la naissance du jansénisme le début d’une nouvelle période.
- L’ampleur de la documentation rassemblée et le souci constant de l’A. de restituer les nuances qu’elle contient.
- Le refus de considérer le catholicisme comme un système univoque et totalement uniformisé : bien que l’A. insiste sur les tentatives qui ont pu exister en ce sens, il cherche « à mettre en lumière la diversité du catholicisme moderne, plus grande qu’on ne le croit souvent » (p. 9).
- La mise en valeur de la volonté de fidélité comme critère d’appartenance à une Église ce qui permet d’éviter à l’historien de se servir des discours d’orthodoxies mis en place par les Églises pour tenter de situer les individus par rapport aux frontières confessionnelles : cette proposition permet de sortir l’Histoire de présupposés théologiques qui n’ont méthodologiquement pas leur place dans l’analyse des « traces » (p. 12-14) laissées par les hommes du passé.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thème |
Primaire |
Histoire |
La Réforme, les guerres de Religion. |
Cinquième |
Histoire |
Les Réformes protestantes et catholiques |
Seconde |
Histoire |
Humanisme et Renaissance : Réformes protestantes et catholiques. |
C.M.
Domaines religieux : Christianisme : Origines et corpus : Théologie, Christianisme, Christianisme : Période : Réforme et Contre-Réforme, Christianisme : Période : Humanisme chrétien, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Rites et pratiques : Liturgie, Europe et religions : France
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Wanegffelen Thierry, WANEGFFELEN Thierry, Une difficile fidélité, catholiques malgré le concile en France, XVIe-XVIIe siècle, Paris, PUF, 1999, XVI-226 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/wanegffelen-thierry-difficile-fidelite-catholiques