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"Le travail historique permet d'ouvrir un avenir"

19/02/2024

Sommaire

 
Secrétaire général des Foyers de charité de 2016 à 2021, Thierry Coustenoble a ensuite suivi un master de sciences religieuses à l'EPHE dans le cadre de l'IREL, au terme duquel il a soutenu en 2023 un mémoire sur les origines controversées de l'institution qu'il a dirigée et la personnalité de Marie-Ange Merlier. Il revient sur cette recherche dans deux entretiens pour la presse catholique : "Derrière Marthe Robin, cette autre femme qui aurait inspiré les Foyers de charité" (La Croix, Céline Hoyeau, 3 février 2024), "Thierry Coustenoble: "Les Foyers de charité ont peut-être une histoire cachée" (La Vie, Sophie Lebrun, 3 février 2024).
 
"Marqué par les révélations successives d’abus spirituels et sexuels dans les Foyers, j’ai eu besoin de prendre du recul, explique Thierry Coustenoble. (...) Ce que disait l’Église et ce que disaient les Foyers sur ces situations ne me suffisaient pas. Il y manquait l’apport extérieur des sciences humaines et sociales. J’ai alors postulé à l’École pratique des hautes études, qui porte un regard académique sur le fait religieux, au sein de l’Institut d’études des religions et de la laïcité, avec un projet de recherche né des polémiques de 2020 autour du père Finet, de Marthe Robin et de l’origine des Foyers. Car à la réalité du mal commis au sein des Foyers a souvent été objectée leur origine présentée comme divine ou providentielle. C’est pourquoi j’ai voulu interroger le contexte de leur création dans les années 1930."
 
Mis sur la piste de Marie-Ange Merlier par des extraits de lettres de Marthe Robin (publiés par le père carme Conrad de Meester dans son livre La fraude mystique de Marthe Robin) qui mentionnent ses écrits, Thierry Coustenoble découvre non seulement une personnalité hors normes mais une inspiration majeure à l'origine des Foyers de charité : "Elle est née en 1891 à Carvin, une ville minière voisine de celle où j'ai grandi. Elle est l'aînée d'une famille de cinq enfants et élevée dans la foi catholique. Marie-Ange Merlier meurt à Arras en 1978. C'est donc une contemporaine de Marthe Robin. (...) Grâce aux archives privées la concernant et que des proches ont gardées précieusement, mais aussi avec les ressources de la Bibliothèque nationale de France, des archives des Jésuites, celles des Ursulines et du diocèse d'Arras, je retrouve, à travers son journal, la préparation des ouvrages édités par cette véritable autrice". 
 
Or "beaucoup de mots sont communs entre Marie-Ange Merlier et Marthe Robin" qui "recopie de nombreux textes" de l'autrice mystique d'Arras, des "emprunts" qui "viennent définir le cœur même des Foyers de charité dès 1936" sans être attribués à leur véritable autrice. Pour Thierry Coustenoble, "ces silences n'effacent pas la trace des intuitions qu'ils reprennent et reformulent. Ils marquent même une intention dissimulatrice. Mon travail documente ainsi une source historique importante pour comprendre la naissance des Foyers de charité".
 
Une source historique ... et abondante : Marie-Ange Merlier "avait tenté en 1920 d’entrer au Carmel mais, de santé fragile, elle fut finalement accueillie chez les Ursulines d’Arras. C’est là qu’elle rédige son journal, curieuse de nombreux sujets, de la philosophie à l’art en passant par la mécanique quantique. Je finis par retrouver ses archives privées en Anjou, chez des particuliers qui m’ouvrent un placard où je découvre le journal intime qu’elle a tenu de 1929 à 1978 – près de 14 000 pages ! – mais aussi la préparation des ouvrages qu’elle publie de 1928 à 1975, souvent à titre anonyme... Le graal de l’historien : des archives en bon état, quasi complètes et jamais exploitées !".
 
"L'intérêt d'un tel travail, selon Thierry Coustenoble, au-delà de la simple documentation érudite sur une époque et une histoire, est de permettre d'aiguiller un travail de transformation, de réforme et d'interrogations. (...) Croire que les origines contiennent tout du présent ou de l'avenir est une illusion d'optique. Aucune institution n'est prisonnière du passé, si elle accueille le réel (...). Au fond, c'est peut-être un message d'espoir. Je crois que le travail historique permet non seulement de qualifier ce que les initiateurs d'une institution ont fait, voulu faire ou cru faire, mais surtout d'ouvrir un avenir, à la double condition d'accepter la réalité et de se libérer des déterminismes."
 
 
Illustration: couvent des Ursulines d'Arras. 

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